Gaïa était élève de maternelle quand l’aventure de l'école de musique a commencé et, à sa suite, celle de la fanfare. Le quartier des Aulnes où elle habitait comptait une école et un collège publics où étaient scolarisés une majorité d’enfants du quartier, mais d’autres familles donnaient leur préférence à un établissement catholique situé dans le centre historique. Gaïa était alors élève de la maternelle Henri Wallon située à deux pas de chez elle. Ses parents hésitaient quant au choix qu’ils feraient au moment de son passage au CP. Il était souvent question de ce dilemme, le printemps venu, autour des barbecues du samedi soir, où différents avis s’exprimaient en phrases courtes, prononcées avec calme, dont chacune ne contenait qu’un seul argument, tandis que dans l'air flottait le parfum de la viande grillée mêlé à celui des pittosporums, et que se faisait entendre le doux bruit de la rivière en contrebas. Et comme on ne voulait surtout pas s’enfermer dans un choix partisan, ...
Assez tôt, j’ai commencé à ne plus trop répondre au téléphone et à ne plus voyager. J’avais noué à Nice quelques amitiés. Il m’arrivait encore d’accompagner des dames au spectacle, puis de dîner avec elles et parfois même de les raccompagner. J’en tirais du plaisir, j’en éprouvais de la reconnaissance à leur égard, mais ces occasions étaient rares, je ne les recherchais pas. La lecture et les promenades solitaires sont devenues mes principales occupations. Je ne lisais guère de livres nouveaux, je relisais plutôt ceux que, dans ma jeunesse, j’avais aimés, mais avec l’impression de les lire trop vite, de ne pas leur accorder l’attention qu’ils méritaient. Ma question était alors de savoir quels livres il faudrait que je relise un jour, quand je n’aurais plus besoin de gagner ma vie, quand les passions se seraient éteintes. C'était chaque fois comme un premier voyage qu’on fait en Italie, dans une ville dont on gravit les rues en pente sous les balcons étroits qui regardent la mer, e...