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Articles

Affichage des articles du juillet, 2025

Barbara

Elle était sortie de la brasserie. Je voyais la vitre de la brasserie qu’elle avait quittée, et le groupe derrière la vitre réuni autour d’une table. Des visages de gens attablés derrière la vitre, et elle debout à l’extérieur qui parlait au téléphone. Je montais le boulevard quand je l’ai vue, et deux ou trois visages du groupe derrière la vitre me regardaient, de loin, comme on regarde un étranger qui arrive, tandis que je montais et que mon regard était attiré par celle qui était sortie et qui téléphonait.  C'était le soir, il avait plu. Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là. Et l'intérieur de la brasserie était éclairé, si bien que ces visages que je voyais de loin étaient comme ceux d’acteurs de cinéma. Un groupe de figurants qui pouvaient être sa famille. Ils s'étaient réunis, ils avaient déjeuné là, ils s'étaient attardés parce que dehors aussi bien il pleuvait. Le ciel était couvert, il faisait froid. On vendait des sapins sur la place du marché, il y av...

Les nuits ouvertes

Pendant toutes les années où j'ai eu des obligations, je me suis fait beaucoup de souci pour mes heures de sommeil. La nuit, il fallait que je dorme, et c'était avec l'idée que, si je ne dormais pas assez, le lendemain serait terrible, ce qui bien sûr m'empêchait de dormir. Ou me faisait un sommeil troublé. Il fallait espérer que les enfants ne nous réveillent pas. Je n'imagine pas que les hommes du paléolithique obstruaient l'entrée de leurs cavernes avec des rideaux pour se protéger du bruit et de la lumière, mais, quant à nous, nous fermions les volets et nous tirions les rideaux, tandis que maintenant que je vis seul et que je n'ai plus d'obligations, je laisse mes fenêtres ouvertes, et je me réveille et je me rendors sans souci. Ce qui fait que mes nuits sont ouvertes, elles aussi.

Ces frères sur toute la planète

“Toute l’œuvre positive du xixe siècle a été pour les artistes comme si elle n’était pas. Examinez combien peu ont été intéressés par le présent, sympathiques à ce qui changeait et se transformait sous leurs yeux, à ce qu’apportait avec lui de nouveau par exemple le chemin de fer. Cela, il n’y a eu que les économistes et les socialistes pour essayer de le dire tant bien que mal dans leur patois, et personne n’a compris, (sauf Whitman) ces frères sur toute la planète qu’on mettait à notre disposition. L’œuvre de Balzac n’est qu’une espèce d’énorme Goetterdaemmerung , la Grandeur et la Décadence du Passé, toutes les manières dont une société s’y prend pour finir et le futur n’est représenté que par son appariteur en deuil, l’homme de loi. L’œuvre de Flaubert est partagée entre la fascination du passé et une vision haineuse du présent, aussi basse qu’elle est sotte. Toute l’occupation des réalistes, transposant, dans la littérature la méchanceté des commères de village, est une minutieuse...

Les petits instruments

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Conte d'été

Leur maison était dans la montée qui conduit au monastère qui domine le village. Nous avions dîné dans le jardin qui se trouve derrière la maison, un jardin étroit où on étend du linge, et maintenant il faisait nuit. Ce devait être vers la fin du mois d’août. Je découvrais ces gens. Il devait bien y avoir deux ou trois arbres fruitiers dans ce jardin, je dirais des pruniers, et des cordes tendues entre leurs branches pour y faire sécher du linge. J'imaginais de grands draps qui battent dans le vent, sous des nuages qui filent à toute vitesse en changeant de formes et de couleurs. On était dans la montagne, pas très haut encore, mais pas loin du col qui bascule vers l’Italie. J'étais venu avec Louise qui était ma femme. Louise et Charlotte se connaissaient depuis l'enfance, on ne pouvait pas dire qu’elles étaient amies, mais elles avaient un passé commun de militantisme politique hérité de leurs pères, et des attaches dans ce village où Charlotte et Abel avaient cette maison...

Le maintien de l'ordre

Depuis que Pereira était médecin dans cet endroit de la ville, il pleuvait toujours. Ou, s’il ne pleuvait pas, le ciel était sombre, la pluie menaçait. Toujours l’hiver ou, si ce n'était l’hiver, l’automne ou le tout début du printemps. Son cabinet était au deuxième étage d’un immeuble bourgeois, sur un boulevard où le trafic était incessant. Son appartement ouvrait sur le même palier. Il lui suffisait de traverser le palier pour passer de l’un à l’autre. Et il se disait bien qu’il ne devait pas toujours pleuvoir. Que c'était impossible. Il cherchait à se rassurer, il se disait que c'était à cause des platanes dont les feuillages offusquaient ses fenêtres. Mais à l’automne, les platanes perdent leurs feuilles, il en avait conscience. Depuis combien d'années était-il médecin dans ce même endroit de la ville? Il ne s’en souvenait plus. Il avait dû être jeune, lui aussi. Il avait bien dû faire des études, voyager, connaître d’autres pays, traverser des jardins ensoleillés ...

Piété de l'orgue

Mon professeur de violon s’appelait Madame Baudier (je crois que je n’ai jamais su son prénom). Elle habitait une petite maison niçoise, avec un jardin, au sommet de la colline Saint-Philippe, à l’emplacement de l’actuelle faculté de droit, et elle était calviniste. Elle fréquentait l'église baptiste de la rue Vernier et, un jour, elle m’a invité à jouer du violon en duo avec elle pendant un office. Plus tard, quand j’ai abandonné l'étude du violon, je me suis passionné pour l’œuvre de Francis Ponge dont le hasard voulait qu’il fût issu d’une famille calviniste, lui aussi, et, dans les mêmes années, je me suis passionné pour le piano de Glenn Gould, qui était issu d’une famille presbytérienne, c’est-à-dire calviniste, lui aussi. Et depuis, je dis toujours que je suis un catholique à tendance calviniste. Non pas vraiment “le dernier puritain” mais presque. Très tôt, je me suis intéressé au jazz. J’ai créé un petit groupe d’amateurs de jazz, au lycée du Parc Impérial, quand j’ava...

Le pitre

Le violon quelquefois fait le pitre. Et il est toujours un peu gênant, pour moi, de le voir faire le pitre.  C’est pour moi un souci. J’ai appris le violon parce qu’il fallait que je fasse de la musique. Une dame venait donner des cours de solfège gratuits, le soir, à l'école Vernier où j'étais élève, et comme pour d’autres, elle a proposé un jour à mes parents de me donner aussi des leçons de violon. Cela se ferait chez elle et il faudrait payer un peu. Mon père a hésité, il aurait préféré que ce soit de l'accordéon, mais ma mère a insisté. C’est à elle que je dois mon prénom. Appeler Christian, à Alger, en 1951, un garçon au patronyme napolitain, cela aurait pu être un motif de divorce. Dans la lignée de mon père, j’aurais dû m’appeler Paul (Paolino), qui était le prénom de mon grand-père et qui reste mon deuxième prénom. Mais elle ne tenait pas à ce que je m’inscrive trop étroitement dans cette lignée. Elle avait ses raisons, on devine lesquelles si on est familier, par ...

Écoutez, les enfants!

J’ai toujours été fasciné par les accompagnateurs et les choristes. Maintenant, je sais pourquoi. Fasciné et puissamment ému. Maintenant, je sais pourquoi. Au premier rang, depuis l’enfance, par les choristes qui répondent à Ray Charles sur What’d I Say ? À l’époque, nous ne savions pas leurs noms, nous n’avions pas le Web et encore moins l’IA pour les interroger. Hors les petits cercles de spécialistes, ces artistes étaient des anonymes. J’ai demandé à ChatGPT de me décrire l’introduction de What'd I Say que Ray Charles joue au piano. Il propose ceci: “C’est un motif rythmique et hypnotique joué au piano électrique Wurlitzer, construit sur un ostinato de douze mesures au groove syncopé. Ray Charles y martèle des accords brisés en croches, presque comme une percussion, créant une tension joyeuse et irrésistible qui annonce le feu à venir.” Je trouve cela très bien. Je ne ne suis pas assez connaisseur pour juger si tout est exact, au plus précis, mais je prends. Et maintenant, po...

Lucevan le stelle

Votre rapport à la musique reposait sur le choix d’un instrument et l'héritage d’un répertoire. Vous aviez appris la musique sans apprendre les notes, “à l'oreille”, disiez-vous, ce qui voulait dire aussi bien à la vue. “Montre-moi les accords”, disiez-vous à un oncle ou à un cousin qui vous servait d’exemple, la guitare à la main. Et il vous montrait les accords d’une chanson, que vous reproduisiez après lui, un à un, en posant bien les doigts, et qu’ensuite il faudrait enchaîner. Les plus habiles d’entre vous finissaient par savoir jouer de deux instruments — guitare et mandoline — mais le répertoire restait le même, hérité du pays que vous aviez perdu. Les paroles des chansons étaient en napolitain — une langue que vous finissiez par ne plus savoir que par les chansons. Il y avait eu l’exil de Salerne à Alger. Puis, une génération après, l’exil d’Alger à Nice. L'opéra faisait le lien entre la musique savante et la musique populaire. La question était “Connais-tu O Sole M...

L'âme du violon

Le père de Catherine Certitude (dans Catherine Certitude de Patrick Modiano et Sempé, 1988) déclare à la fillette que son propre père, quand il est arrivé à Paris, gare du Nord, a décidé de rester dans ce quartier, et il ajoute: “Il pensait qu’il fallait habiter dans ce quartier parce que c’était un quartier de gares. Et que si l’on voulait partir, c’était plus pratique…” Le grand-père de Catherine Certitude aurait pu être violoniste. D’ailleurs, peut-être l’était-il. Le violon est un instrument léger, qu’on peut emporter partout avec soi, à la différence du piano, son grand rival et son grand complice. Et cette légèreté fait que son destin (ou son âme) se divise en deux branches (ou deux histoires), très différentes mais qui ont des liens étroits. D’un côté, nous avons le violon des saltimbanques et, de l’autre, celui des officiers. Celui des saltimbanques d’abord. Il y a bien des années, j’ai vu un documentaire sur l’Allemagne nazie et dans ce documentaire, on racontait une histoire...

Questions de styles

Les instruments de musique sont comme les acteurs au cinéma, qui changent de rôle, qui changent de personnage selon les films, mais qui, en même temps, apportent chaque fois ce qu’ils sont: à la fois leur physique, leur voix, leur style personnels, et la mémoire des rôles qu’ils ont joués dans d’autres films.  Quand vous voyez Marilyn Monroe dans Les Désaxés ( The Misfits , 1961), c’est bien elle que vous voyez et pas une autre, en même temps que vous pouvez vous souvenir du petit rôle qu’elle jouait, onze ans auparavant, dans Quand la ville dort ( Asphalt Jungle , 1950) du même John Huston. Et quand vous écoutez le saxophone de Wayne Shorter, il vous rappelle celui de John Coltrane et, avant lui, celui de Charlie Parker. Et vous pouvez aimer ou ne pas aimer Marilyn Monroe, comme vous pouvez l’aimer dans le rôle qu’elle joue ici et pas dans celui qu’elle joue là. Et pareil pour le saxophone, qui est toujours le même dans les mains des artistes qui en jouent tour à tour. J’essaie ...

Bach au service

Je me souviens que je me disais, quand j'étais enfant, que la musique de Bach était écrite pour faire sonner les instruments, pour exalter leurs caractères respectifs, pour en montrer toutes les possibilités, toute la profondeur et toute la souplesse, toute la force et toute l’agilité. Que cette musique était en quelque sorte au service des instruments, qu’elle avait pour but de leur rendre hommage. De célébrer et illustrer leurs vertus. Et je me disais bien déjà que cette idée devait être un peu courte, qu’il ne fallait pas la dire, que ma chère professeure qui m’initiait à cette musique ne l’aurait pas approuvée, qu’elle l’aurait trouvée un peu choquante, un peu iconoclaste. Aussi, je la taisais, et il m’aura fallu attendre aujourd'hui, à l'âge que j’ai, pour oser l'avouer. Qu’est-ce que je connaissais alors de la musique de Bach? Pas grand chose. À coup sûr, les Sonates et Suites pour violon et violoncelle seuls, et le Magnificat . Peut-être aussi un peu du répertoi...

L'étrangère (2)

Martin termine son séjour sans les revoir, après quoi il est difficile de savoir s’il invente la suite de l’histoire à partir du peu qu’il a vu à la terrasse du glacier, ou si les évènements se produisent en effet, dans le monde de l’histoire, voire peut-être dans le monde réel, ce qui ne fait d’ailleurs pas une grande différence. Il a ses occupations, il se passe différentes choses dans sa vie, il n’est pas du tout obsédé par ces femmes et l’enfant, de même faut-il s’ôter de l'esprit qu’il serait amoureux de la plus jeune des deux sœurs, la question n’est pas là. Il parle de quelque chose comme une boîte à chaussures à l'intérieur de laquelle on aurait déposé la chaleur de la nuit, la terrasse du glacier, les trois femmes et l’enfant, dont l’une est sa tante et lui abandonne sa main tandis qu’elles se parlent, et la ressemblance de cette jeune tante avec une riche dame peinte sur un tableau des primitifs flamands. Vous pouvez mettre ces différents éléments dans l’ordre que vou...

La musique tient au Réel

Il se passe en musique quelque chose de très différent de ce qu’il se passe en poésie. Un poème, même bref (disons un sonnet), n’existe que dans son déroulement, comme un tout. Il faut l’avoir lu dans son entier pour savoir si on l’aime ou si on ne l’aime pas. Ou ce peut être un seul vers ou deux, mais même un seul vers se déroule dans le temps, pour la bonne raison que la parole elle-même se déroule dans le temps. Tandis que, dans la musique classique (savante et populaire), il n’en va pas de même. Celle-ci se déroule dans le temps, et c’est alors ce qu’on appelle la mélodie, qui s’étudie dans les conservatoires au titre du contrepoint, mais elle existe aussi dans l’instantanéité de son harmonie, c’est-à-dire dans la dimension verticale (synchronique) de sa tonalité (ou de sa modalité, s’il s’agit de musique modale). Il suffit à un Espagnol d’entendre un seul accord de guitare pour savoir qu’il est chez lui et en frémir de la tête aux pieds. Je parle du mode phrygien qui est une gamm...

La musique comme une danse

La musique instrumentale est une danse, un exercice corporel qui produit des sons, et qui se propose à l'écoute davantage qu’à la vue. Je pense au violoncelle des Suites de Bach, comme au piano de Thelonious Monk. D’abord.  Une danse qui n’engage pas de déplacements sur le sol, qui ne concerne pas d’abord les jambes mais les bras et les doigts. Les terminaisons supérieures, comme ce qu’on voit des arbres dans le ciel.  Une exultation, exaltation du corps dans ses parties supérieures. Encore que. On voit Thelonious qui se lève de son piano, quand il laisse la place aux solos de ses comparses, et qui danse. En marchant sur place, en se balançant sur ses pieds comme un ours. Et Rhoda Scott ne joue de l’orgue que les pieds nus.  On entend l’enregistrement sonore des mouvements du corps. Des épaules, des bras et des doigts au bout des mains coordonnés. Pour d’autres instruments, ce sera la bouche et les poumons. Leur force, leur puissance vitale et leur précision à la fois. Le...

L'étrangère

C'étaient une mère et ses deux filles, accompagnées d’une gamine d’une dizaine d’années dont on devinait qu'elle était l’enfant de la fille aînée mais qui était en dialogue avec sa tante. Celle-ci devait avoir guère plus de vingt ans, et elle attirait le regard du jeune homme venu s'asseoir à une table voisine. Il faisait nuit, il était tard, depuis longtemps les enfants auraient dû être couchés, mais la chaleur était telle qu’on repoussait le moment d’aller s'étendre sur son lit, pour rêver de cascades sans trouver le sommeil. Martin avait dîné sur une plage, en compagnie d’un petit groupe d’amis qu’il retrouvait après plusieurs années. Il avait fait ses études supérieures à Paris, il les avait poursuivies par une série de stages à Berlin puis à Londres, ensuite à Singapour, et cet été-là, il était revenu à Nice pour loger dans un petit appartement qui avait été celui de sa grand-mère et qui était situé quelque part dans les quartiers nord, loin des touristes.  Il étai...

Fédora

C'était quand nous roulions, tous les quatre, l'été, sur les routes de montagne. Il arrivait que nous rencontrions de ces hameaux du bord des routes dont les pauvres façades épousent la courbe. Abandonnés, où souvent il ne reste qu’une boulangerie et peut-être un café. Écrasés de soleil. Et quelquefois il arrivait aussi qu’on voie, à peine plus loin, garée dans l’herbe d’un talus, une voiture de luxe, rutilante. Alors, je disais au trois autres du Fab Four: — Vous avez vu? Jef Costello est venu se cacher ici! Et comme ils en avaient l’habitude, ils savaient que je voulais parler, bien sûr, du Samouraï. Après un coup incroyablement audacieux, qu’il était seul à pouvoir réaliser, en plein cœur de Paris, Jef a à ses trousses les condés en même temps que toute une bande de malfrats commandés par un roi de la pègre. Alors, pour se faire oublier, pour soigner aussi une blessure, le temps qu’il faudra, il est venu se réfugier dans les montagnes du sud de la France. Une adresse que lui...

Le voyageur arrêté

D’abord, ses marches dans la campagne, que d’autres appelleraient des promenades ou des randonnées, il les appelle des voyages. Dès la première phrase, il dit: “Voyager à pied m’a toujours ravi” . Ensuite, ses excursions (comme on peut dire aussi) sont toujours un peu hasardeuses. Il ne suit pas un itinéraire prévu sur la carte, il va où les sentiers le poussent, à l’instinct, dans une région qui lui est pour autant familière, pas très loin de chez lui, quelque part en Provence, mais où il lui reste néanmoins des lieux à découvrir. Chaque fois qu’il part marcher ainsi, il s’attend à découvrir un endroit nouveau où il pourra se reposer, se restaurer et peut-être, pourquoi pas, passer une nuit ou deux. On comprend d'entrée de jeu qu’il s’agit de promenades solitaires. Et l’autre point essentiel est contenu dans le projet de découvrir, au bout du voyage pédestre, un endroit qu’il ne connaît pas et où il pourra rester. La solitude et l’idée de hasard complètent le désir de s’installer,...

Damien Norfolk

1. Bruno est le patron d’un petit garage automobile sur l’avenue Cyrille Besset. Je passe devant plusieurs fois par jour. Malgré son nom, l’avenue Cyrille Besset n’est, sur ce tronçon, qu’une petite rue qui s’élève en oblique dans le quartier nord, par laquelle je passe quand je reviens du centre-ville. La rue en pente et mal éclairée d’un faubourg. Bruno est le chef d’une équipe de cinq ou six solides bonhommes. Je ne lui ai jamais amené ma voiture qui ne sort presque jamais du parking de mon immeuble, mais je suis toujours très content de passer devant son garage. Le plus souvent, les ouvriers travaillent à l’intérieur, tandis que Bruno se tient sur le trottoir avec ses écouteurs aux oreilles, occupé à parler au téléphone avec des clients et des fournisseurs. Après ce premier contact, les clients lui amènent leur voiture pour que Bruno évalue les réparations qu'il faudra faire, et le temps qu'il lui faudra pour les faire, le prix qu'il leur en coûtera, tandis la voiture r...