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Articles

Affichage des articles du mars, 2024

À propos de L'antiquaire

L'antiquaire m'a été donné ce matin par un rêve de réveil. Ce rêve ressuscitait un souvenir dont je date l'événement auquel il se rapporte de la fin de l'été 1992. Je l'ai noté aussitôt sur ma tablette, dans mon lit. Sa rédaction a été rapide. Certains éléments narratifs ont été ajoutés ou modifiés dans l'écriture. Ils se sont si bien imposés à moi que je serais incapable à présent d'en faire un partage précis. Disons que je ne venais pas chez cet antiquaire pour prendre un emploi comme le récit le laisse entendre. Nous avions rendez-vous mais je ne suis pas certain qu'il m'ait demandé de ne pas sonner. L'idée de la mer, toute proche, était-elle alors présente dans mon esprit? Je n'en suis pas certain non plus. Quant à l'idée de la pieuvre géante, elle est un pur produit du travail d'écriture. Ainsi, je me trouve en présence de trois couches sémantiques: (1) un évènement qui s'est réellement produit, dans le lieu que j'indiqu...

Des histoires

Les histoires font tenir ensemble, dans une chaîne de positions successives, des éléments (des personnages, des lieux, des faits) hétéroclites, qui contrastent ensemble comme les syntagmes dans la chaîne parlée. La force d’une histoire procède de la tension entre l'hétérocité des éléments qui la composent et l’unité qui les rassemble. Plus les éléments contrastent, plus elle est fidèle aux hasards de la vie. Il faut pour autant que la chaîne ne vienne pas à se rompre, que l’histoire garde son unité, que la vie continue. Pour que les éléments continuent de contraster poétiquement, il faut qu’ils s’inscrivent dans l’unité et la linéarité d’une chaîne. Sans quoi, ce contraste lui-même n’existerait plus. Les histoires donnent un sens à ce qui n’en avait pas. Et ce sens est d’autant plus précieux que les éléments qui les composent paraissent a priori incompatibles. Dans une histoire, les personnages accèdent à un destin. Ce qui apparaissait comme le fruit d’un hasard cruel, souvent trag...

L’antiquaire

Il était venu me chercher à la porte du magasin. C’était à Monte-Carlo, une fin d’après-midi. Il avait fait beau toute la journée et maintenant le ciel se couvrait, le vent poussait les nuages et la mer paraissait soudain plus profonde derrière l’opéra. Au téléphone, il m’avait indiqué que je devrais l’attendre sans sonner, qu’il viendrait m’ouvrir, et, en effet, à l’heure dite, sa silhouette est apparue derrière la vitre. Il s’est incliné pour ouvrir la porte avec une clé plate. Il m’a fait entrer, et aussitôt il a refermé la porte derrière nous. Puis il m’a précédé dans le magasin. C’était un antiquaire. Il était plutôt petit et rond, le teint mat. Il portait une veste d’intérieur aux revers chamarrés, et, en le suivant, j’ai remarqué que la poche droite de sa veste était déformée, et tout de suite alors j’ai pensé qu’il portait un Luger. Pourquoi un Luger? Pourquoi ce nom m’est-il venu à l’esprit? Je ne connais rien aux armes, mais un petit Browning 6,35, modèle 1906, aurait mieux f...

La gloire de Robert Louis Stevenson

“À cette époque, je voyageais avec une petite charrette bâchée, une tente et un réchaud, cheminant tout le jour à côté du chariot et, la nuit, chaque fois que c’était possible, campant comme un romanichel dans un creux au milieu des collines, ou à la lisière des bois.” Le pavillon dans les dunes , dans la dimension de la nouvelle ou du court roman, regorge de mystères. Le narrateur, un certain Frank Cassilis, s’y présente lui-même, dès la première phrase, comme un grand solitaire en même temps qu’un vagabond, qui vit sur les routes, et même de préférence en dehors des routes, sur des chemins de campagne. Il dit :  “… je n’avais ni amis ni famille (…) et n’avais d’autre adresse que l’étude de mon notaire, où j’allais, deux fois par an, toucher ma rente. Cette vie suffisait à mon bonheur; et rien ne me plaisait comme la perspective de vieillir sur les routes et de finir mes jours dans un fossé” .  Ce thème du voyage solitaire fait écho pour nous, aujourd’hui, à la double fugue q...

Proust, Lacan et Wim Wenders

Marcel Proust, dans les toutes premières pages de la   Recherche , écrit: "Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes." En quoi j'entends que tout ce qui a appartenu aux années et aux mondes qu'il a traversés dans sa vie, se trouve, dans son sommeil, à égale distance de lui. Dans le souvenir que je garde d’une fiction narrative (roman, nouvelle ou film), les faits relatés apparaissent en désordre — ni dans l’ordre où ils se sont produits (dans l’histoire), ni dans celui où ils ont été racontés (dans le récit). Et cela n'a rien d'extraordinaire puisqu'il en va de même pour les souvenirs que je garde de ma propre existence. Non pas que je ne sache plus que cette image (photographie ou image mentale) que je garde d'une personne soit plus ancienne ou plus récente que telle autre, mais parce que l'image plus ancienne n'en a pas pour autant moins d'éclat, elle ne me revient pas nécessaireme...

L'œuvre ouverte de Sophie Calle

Concernant la manière dont le travail d’un artiste peut être perçu par le public, la façon dont il peut intéresser les autres, et je pense d’abord ici à des artistes comme Christian Boltanski ou Sophie Calle, dont l’œuvre est centrée sur leur propre expérience existentielle, sur leur propre imaginaire, il me semble que nous pouvons distinguer deux versants dont l’un reste étonnement inaperçu. Le versant bien visible est celui de l’énoncé, celui du contenu de l’œuvre. Et la question qui se pose à son propos est celle de savoir ce que le destinataire (disons le lecteur) peut y trouver qui le touche, qui le regarde, qui fait sens pour lui. L’autre versant, jamais évoqué, est celui du mode d’énonciation, ou de ce que, dans notre jeunesse marxiste, nous aurions appelé son “mode de production”. Et la question est alors de savoir comment l’artiste fabrique son œuvre, selon quels procédés, avec quels matériaux et quels outils — entendu que ce mode de production peut servir de modèle à des réce...

Le premier poste de télévision

Le premier poste de télévision que nous avons possédé est installé à la cuisine. Nous habitons alors au 104 du boulevard Gambetta, un appartement étroit, avec le cabinet sur le balcon. Une partie de la famille nous a rejoints. C’est Marguerite, sœur aînée de mon père, accompagnée de Jean, son mari, qui est un vrai Français, natif des Pyrénées orientales, et de leurs trois enfants. Nous les invitons à venir regarder la télévision dans notre cuisine. Nous éteignons la lumière pour mieux nous croire au cinéma. Ma mère fait griller des marrons que nous nous passons de la main à la main, dans l’obscurité, en nous brûlant les doigts. Je me souviens que nous regardons Cinq colonnes à la une . Un titre prestigieux et énigmatique. De quelles "colonnes" et de quelle "une" peut-il bien s’agir? Je ne pose pas la question. Mais j’entends encore la musique qui accompagnait le générique, avec ses lourds coups de timbales, et la voix grave qui annonçait: "PIERRE LAZAREFF, PIER...

Un petit chien dans l'ascenseur

C’était au tout début des années 80. Nous habitions au troisième étage d’un immeuble ancien, au 31 bis (Palais Fontana) de la rue Michel-Ange. Un matin, sorti sur notre palier, j’ai appelé l’ascenseur et, quand la cabine s’est ouverte, j’ai trouvé un petit chien tout seul qui jappait à l’intérieur. Il ne semblait pas vouloir en sortir, alors je suis entré dans la cabine avec lui, et nous sommes descendus ensemble. Quand nous sommes arrivés au rez-de-chaussée, je suis sorti de l’immeuble et le chien m’a suivi jusqu’au coin de la rue. Deux hommes marchaient alors dans notre direction, d’un pas rapide. Aussitôt qu’ils nous ont vus, ils ont paru ravis, ainsi que le chien qui jappait de plus belle, mais cette fois d’un air joyeux. Ils m’ont remercié d’avoir retrouvé leur animal. Je n’ai su quoi répondre. Fallait-il que je leur parle de l’ascenseur? L’explication aurait été trop longue et sans doute peu crédible. Je me suis abstenu. Le trio est parti de son côté, et moi du mien.

Autoportrait

Mes logeurs m’ont parlé du bal qui devait avoir lieu dans la salle des fêtes du village voisin. Il y avait un autobus pour m’y rendre et, une fois là-bas, il se trouverait bien quelqu’un pour me ramener en voiture. Les jeunes ici commencent à me connaître. Ils m’ont en sympathie. Mais, après être resté assez longtemps à écouter la musique et à regarder ceux qui dansaient, comme j’avais bu de la bière et mangé une assiette de frites, j’ai préféré rentrer à pied. Déjà je m’éloignais. La lumière du bal, les rires et la musique étaient derrière moi, et je ne sais pas dire s’ils sont restés dans ma tête ou si je les entends encore, maintenant que j’en suis à marcher sur ce chemin de campagne, dans la nuit où il pleut: une pluie fine et patiente comme on en connaît peu chez nous, quelquefois au printemps, mais qui est ici monnaie courante. Et l’expérience de cette marche dans l’obscurité d’une campagne où il pleut, avec ses ombres qui bougent, l’eau qui clapote sur mon parapluie et les aboie...

Rodolphe: L'Innocent

Celui qui dort dans les hangars s'appelle Marcus. Il est l'Antécédent de celui que nous appelons Rodolphe, ce qui veut dire que Rodolphe est un Répliquant de Marcus, qui lui-même est une Répliquant de Daniel. Les Répliquants de nouvelle génération sont des êtres vivants conçus à partir de la segmentation et de la recomposition en laboratoire de plusieurs codes génétiques, animaux ou humains. La plupart ont une vie très brève. Ils ne sont pas viables. Ils n'ont pas le temps de sortir du laboratoire que déjà ils s'autodétruisent. Et faut-il les en plaindre? Car ils sont tous des monstres et, parmi ces monstres, il en est d'autres, hélas, qui se prêtent aux missions auxquelles on les destine. Les plus risquées, les plus violentes, les plus contraires à la morale. On les appelle aussi des Doubles , mais ce terme prête à confusion, car un Répliquant n'est pas le Double d'un seul Antécédent, c'est un être composite. Les caractéristiques dont il hérite de plus...

Rodolphe: L'Opus 109

Ma mission comprenait des étapes. Dans la première, je devais prendre contact avec Léo Puyol, le libraire, et faire en sorte qu'il raconte. Qu'il se livre. On ne me disait pas pourquoi lui plutôt qu'un autre, ni quel genre d'informations j'étais censé recueillir de sa part; l'objet de l'enquête, je devrais le découvrir par moi-même, en l'écoutant, en le laissant parler, en me fiant à mon instinct, et en effet les choses se passaient souvent ainsi dans les débuts d'enquêtes. Le plus surprenant était que, cette fois, on ne me fixait aucun délai. Je n'étais pas censé l'éliminer, ni obtenir des résultats rapides. Pour autant, je ne pouvais pas douter que l'affaire revêtit une certaine importance, car, dans le cas contraire, aurais-je été choisi pour la mener à bien? Le Bureau ne manquait pas d'agents que, pour la plupart, j'avais contribué à former et dont quelques-uns au moins gardaient mon portrait épinglé à l'intérieur de leur ...

Rodolphe: Sous les hangars

Je lui ai demandé où il avait appris à aimer cette musique. Il a semblé ne pas comprendre ma question. Nous étions assis sur des cartons, à l’abri de la pluie, sous les hangars du centre commercial. La façade de verre borde l’avenue principale, où la foule des piétons est nombreuse à circuler à toutes les heures du jour, mais, quand la nuit tombe, les lumières s'éteignent, les portes se ferment, les alarmes sont mises, tandis qu’à l’arrière, les hangars restent ouverts dans l’attente de camions venus parfois de loin, qu’il faut décharger avant qu’ils ne repartent. Combien de nuits ai-je passées près de lui à attendre l'arrivée des camions, puis à les décharger, puis à essayer de dormir un peu avant que d'autres n'arrivent? Ils venaient des pays du nord le plus souvent, où les routes sont enneigées, où les ciels sont traversés d'orages, où les forêts sont immenses. Avec les chauffeurs, nous nous comprenions par gestes. Ils nous demandaient où trouver quelque chose à ...

Rodolphe: Préquelle (2)

Étais-je amoureux de Valentina? La réponse est oui, assurément. Valentina est même sans doute la seule femme dont j’aie jamais été réellement amoureux. Elle ne l’a jamais su, nous nous connaissions à peine, mais j’ai tout de même participé à des soirées, à des sorties en mer où elle était. Il m’est même arrivé, un certain mois d’août, de rejoindre le petit groupe d’amis dont elle était le centre, dans une villa de Sardaigne qu’on lui avait prêtée. Je suis un personnage discret. Dans The Misfits de John Huston, je tiendrais le rôle de Montgomery Clift plutôt que celui de Clark Gable. Tout cela se passait après son divorce d’avec Victorien Lussart, et donc après ses premières retrouvailles avec Daniel, pour autant que celles-ci eussent été les premières. Inutile de préciser que Daniel n’était jamais présent aux rencontres que j’évoque. Il ne quittait pas Valberg; ou, s’il lui arrivait de le faire, ce n’était pas pour venir nous retrouver. J’ai dit que Daniel était une légende. J’énonce ...

Rodolphe: Préquelle

Quand la décision du divorce a été prise, Valentina a écrit à Daniel. Elle lui a demandé s’il pouvait lui trouver un logement à Valberg où elle viendrait se reposer pendant quelques jours avec sa fille. Daniel habitait à la sortie du village, sur un carrefour où il gérait une petite station service et une supérette. Ses anciens amis savaient qu’il était là, comme perché dans la montagne, depuis son retour en France. Un petit nombre d’entre eux restaient en contact avec lui, et si on voulait le voir ou lui parler, il fallait passer par eux, sinon Daniel ne se souvenait pas de vous avoir connu. Daniel était une légende, pour ma part je ne l’avais jamais aperçu que de loin. J’avais adhéré à l’Union des Étudiants Communistes en 1973, quand déjà la période héroïque tirait à sa fin. Mais il y avait toujours un moment, la nuit, quand on avait un peu bu et fumé, quand on écoutait de la musique, où on parlait de lui. Où quelqu’un évoquait un épisode ou un autre de la légende. Et, à la demande d...

Étude florentine

Il se promenait le matin avec, dans la poche, un livre d’histoire de l’art qu’il ouvrait dans les jardins, à la terrasse des cafés, cela jusqu'à midi où il déjeunait dans un restaurant avec le livre ouvert à côté de son assiette. Puis, il retournait à son hôtel pour dormir, et il n’en ressortait pas avant la tombée du jour. Dans leurs lettres, ses amis lui disaient: “Au groupe que nous formions en sortant de l’université, tu préfères une ville étrangère où tu ne connais personne. Dans cette ville, tu préfères les œuvres du passé. Et aux œuvres du passé, tu préfères les lourds ouvrages qui les décrivent.” Il riait en lisant ces lignes, il revoyait le bon visage du camarade qui les avait écrites, et très vite il répondait: “C’est vrai. Il n’est guère de matin où je ne fasse une incursion aux Offices, guère de soir où je ne retourne pas, au moment des vêpres, à Santa Maria Novella. Alors, bien sûr, je jette un œil aux fresques de Masaccio, dans la chapelle Brancacci, mais c’est seulem...

Le lavoir

J'étais effrayé par le bruit de l’eau. De l’eau claire qui s'écoulait d’un tuyau en fonte dans l’eau sombre d’un lavoir. Et ce lavoir se trouvait dans le sous-sol d’un café où j’avais demandé qu’on m’indique les toilettes. Les rues brûlaient de soleil. Depuis des semaines, la chaleur était accablante, on ne trouvait le sommeil qu’aux petites heures du matin, on se réveillait dans des draps trempés de sueur, et le reste de la journée on restait chez soi, les vitres ouvertes derrière des rideaux qui flottaient. Et que faire de son corps? Comment rester immobile dans un fauteuil, les deux mains posées à plat sur les accoudoirs, le regard vide? Je crois que je n’avais vu personne depuis une semaine que j’avais fermé la librairie. Le matin, j’allais à la poste pour expédier deux ou trois livres qu’on m’avait commandés. Je vérifiais mes courriers électroniques. Je prenais des douches. Je ressortais pour manger un sandwich sur un trottoir abrité par une tente, près de la station Valro...

Rodolphe: La Mission

— Nous l’appellerons Rodolphe. Nous ne savons rien de lui, si ce n’est qu’il prend la forme d’un insecte géant pour s’envoler, la nuit, et accomplir ses exploits. Des actes d’une violence inouïe ou de réparation. — Vous avez dit la nuit? — Là d’où il part, il fait nuit. C’est la nuit chez nous. Et ses raids s’opèrent en quelques battements d’ailes. Dans tous les cas, il est revenu avant le jour. Mais ailleurs où il va, il peut faire grand soleil et le temps ne compte pas. Nous ne savons pas l’évaluer. L’opération se déroule à l’autre bout de la galaxie, ou dans une autre galaxie, et ce temps n’est pas le nôtre. — Mais il revient, dites-vous? — Dans la ville où il revient, il est un homme. Le plus pauvre, le plus obscur. Il exerce le métier de manutentionnaire dans les hangars d’un grand magasin. C’est là que nous avons pu le localiser, et c’est là que vous devrez prendre contact avec lui. — Pour l’éliminer? — Non, pas pour l’éliminer. J’ai parlé d’actes de violence. Mais ceux-ci ne nui...

D'autres Michèle Soufflot

Une vieille amie, qui habitait rue du Soleil, tout près de chez moi, est morte il y a un an. Et souvent, en me promenant dans le quartier, je rencontre des femmes de son âge (et du mien) qui lui ressemblent. De loin, quand je les vois, je me dis: “Non, ce ne peut pas être elle”, et je me demande si son souvenir m'égare, ou si c’est le quartier qui veut qu’en effet elles paraissent des sœurs. Une escouade de nymphes vieillies qui se souviennent de leur jeunesse. À quoi ressemblent-elles? Toutes à Michèle Soufflot , ce qui signifie que leurs ressemblances ne sont pas seulement physiques. Elles étaient riches et jolies dans leur adolescence. Elles jouaient au tennis, elles avaient des amoureux, elles organisaient des surprises parties chez leurs parents au cours desquelles, les volets tirés, on dansait sur la musique du Procol Harum. Elles gardent à présent la minceur des danseuses et elles font du yoga. 

Au soir d'un épisode méditerranéen

Ne te soucie pas de ce qu'ils disent ni de ce qu'ils disent pas parce que tu es vieux La mort n'est pas ton ennemie  elle viendra à son heure fidèle douce et aimante tu pourras te reposer Alors ton enfance te sera rendue Alors tes amours te seront rendus Tu pourras visionner autant que tu voudras Blow UP Blade Runner et Eyes Wide Shut sans payer Les jeunes femmes d'Éric Rohmer te parleront de leurs amours elles te tiendront la main Ferme les yeux Les herbes au vent seront tes cheveux  (Cover Tristan Corbière)