“Toute l’œuvre positive du xixe siècle a été pour les artistes comme si elle n’était pas. Examinez combien peu ont été intéressés par le présent, sympathiques à ce qui changeait et se transformait sous leurs yeux, à ce qu’apportait avec lui de nouveau par exemple le chemin de fer. Cela, il n’y a eu que les économistes et les socialistes pour essayer de le dire tant bien que mal dans leur patois, et personne n’a compris, (sauf Whitman) ces frères sur toute la planète qu’on mettait à notre disposition. L’œuvre de Balzac n’est qu’une espèce d’énorme Goetterdaemmerung, la Grandeur et la Décadence du Passé, toutes les manières dont une société s’y prend pour finir et le futur n’est représenté que par son appariteur en deuil, l’homme de loi. L’œuvre de Flaubert est partagée entre la fascination du passé et une vision haineuse du présent, aussi basse qu’elle est sotte. Toute l’occupation des réalistes, transposant, dans la littérature la méchanceté des commères de village, est une minutieuse calomnie de leur époque. Un Loti se lamente comme un petit enfant devant les choses mortes qu’il ne peut empêcher de s’écrouler.”
Paul Claudel: Richard Wagner, rêverie d’un poète français. Dans La Revue de Paris, 1934, p. 272. [Wikisource]).
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