Quand vous vous réveillez dans votre chambre des quartiers nord et que vous songez au restaurant du Club nautique, celui-ci vous paraît terriblement lointain et désirable. L’attirance est si forte que vous êtes tenté de quitter aussitôt votre lit pour partir à pied, à travers la ville, dans sa direction. Mais vous savez que cette tentative ne serait pas raisonnable. Vous n'iriez pas loin, les forces vous manqueraient, surtout vous savez qu’à cette heure de la nuit, la ville est indécente, qu’il ne faut pas la voir. La beauté vient par surprise. Une image vous saisit, elle éclate sous vos yeux comme un chameau marchant dans le désert ou comme la nudité d’un corps, et dans le même instant, vous vous dites qu’il fallait bien que cela arrive un jour, qu’elle se montre enfin, vous croyez la reconnaître encore que vous ne l’avez jamais vue ni imaginée auparavant, à moins qu’il vous soit arrivé déjà de la voir sans qu’il se passe rien. Pier Paolo Pasolini la cherchait aux confins de la vi...