Le monde montre un nombre infini de visages, mais il ne nous en montre jamais qu'un seul à la fois.
Un "visage du monde" (VdM) peut être visuel, sonore ou textuel.
Vous pouvez dire que tel roman de Georges Simenon ou d'un autre auteur donne, dans son entier, un VdM, mais vous pouvez dire aussi que, dans ce roman, un VdM apparaît soudain au détour d'un paragraphe, dans tel chapitre. Pareil pour un poème, ou pour une œuvre musicale, ou pour un film.
Dans la conscience de celui qui le voit, un VdM est seul, il remplace tous les autres, il les occulte, il les fait oublier, ce qui veut dire qu'à cet instant il est tout le visage du monde, ou le visage du monde tout entier.
Une œuvre d'art montre un VdM qui est l'invention de l'artiste — invention étant entendu ici au sens de découverte, comme quand on parle d'invention de la Vraie Croix. Ce qui veut dire que ce VdM est une invention de l'artiste, que personne ne pouvait inventer à sa place, en même temps qu'il montre le Vrai Monde, tel que nous ne l'avions jamais vu mais tel aussi que nous pouvons le reconnaître.
Une œuvre d'art nous incite à aller regarder d'autres œuvres (ou lire, ou écouter, ou parcourir). Mais elle peut nous inciter aussi à en produire d'autres, à notre tour. Elle vaut en tant qu'elle ne correspond jamais tout à fait à notre propre perception, mais qu'elle s'en approche. Qu'elle pourrait s'en approcher. Qu'elle nous manque de peu. Qu'elle nous manque.
Que c’est bien dit ça bien vu
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