Quand on lit un roman, notre attention est requise par l’histoire, on veut en connaître la fin. Mais quand la lecture est finie, que du temps est passé, ce qu’il en reste dans le souvenir se réduit à des images. On aime le roman, dans le souvenir au moins, pour ce qu’on y voit, et qui se voit comme dans l’encadrement d'une fenêtre; dans le train de La Bête humaine , c’est la fenêtre qui laisse entrevoir, à l’intérieur d’un compartiment éclairé dans la nuit, une scène de crime; dans tous les cas, des images floues, aux contours imprécis, auxquelles nous aurions du mal à ajouter un titre, à l’intérieur desquelles les personnages ne sont pas arrêtés mais se déplacent, glissent en silence, mus par quelque mécanisme dont les ressorts nous échappent. Surprenant l’intérieur d’un appartement, un soir d’automne, comme nous passions sous ses fenêtres en rentrant du concert et qu’il commençait à pleuvoir. Soir humide d’octobre, quand la saison des concerts a commencé et qu’on est un dimanche....
Christian Jacomino