Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du mai, 2025

Théorie de la playlist

1 - La playlist en lecture aléatoire réalise le principe de ce que Patrick Modiano appelle “l’éternel présent”. Dans l'écoute de la playlist que je me suis construite et que je continue d’enrichir, chaque musique est une bouffée de passé qui me revient au hasard. Un titre que j’ai découvert hier (comme ici ) peut être suivi d’un autre que j'écoutais quand j’avais dix-huit ans (comme ici ). 2 - D'un titre qui me revient, il m'arrive de me dire: "Celui-là, je l'avais oublié." Moi, je l'avais oublié, mais pas ma playlist. 3 - À l'âge que j'ai (mais peut-être aussi bien à tout âge), la playlist refuse de se clore. Chaque titre enregistré en appelle d'autres que je vais rechercher pour les y ajouter à leur tour. 4 - J'emporte la playlist partout avec moi. Je l'écoute surtout en marchant, au cours de mes longues promenades dans la ville. Mais elle est conçue aussi en prévision des cas extrêmes. Pour le moment où je serai malade, où je ser...

8. Mission impossible

Elle se rend au garage, un soir, au moment de la fermeture. Daniel y est seul, devant un vélo renversé, les roues en l’air, dont il est occupé à régler le dérailleur. Elle dit: — Bonjour Daniel, je peux te parler? — Oui, bien sûr, dit-il, mais sans tourner la tête. Alors, elle lui dit tout ce qu’elle est chargée de lui dire en quelques phrases. Les villas visitées par de jeunes fêtards. Le début de l’enquête. L’article de Nice-Matin . Les enregistrements produits par les caméras de vidéosurveillance. Les porteurs de masques. Les placards ouverts, les vêtements dispersés, les vols. L’alcool, probablement la drogue. Enfin, la rencontre entre le proviseur du lycée et le commissaire Langlois. Elle ajoute: — C’est le commissaire Langlois qui a prononcé ton nom. Il semble penser que tu pourrais nous aider. Roselyne Bujot est debout, un peu embarrassée de son corps, et, jusque-là, c’est à peine si elle a pu apercevoir le profil de Daniel, son front, la courbe de son nez, ses lèvres fermées. P...

7. Une brosse à cheveux

Ce n’est pas le proviseur qui est venu solliciter Daniel dans son garage à vélos, c’est la professeure de lettres, Roselyne Bujot, dont il avait été question au cours de l’entretien que le proviseur avait eu avec Langlois, à savoir la mère de la jeune fille que Daniel avait séduite trois ans auparavant, et qui était sortie détruite de cette histoire. Pourquoi cette femme? Parce que le proviseur lui avait demandé de le faire, sans doute pour se préserver lui-même. Il fallait qu'il l’ait informée de l'échange qu'il avait eu avec Langlois, ce qui suppose qu’il existait entre eux une confiance, voire une complicité qui peut surprendre au premier abord, et qu'on est tenté d’expliquer de différentes manières, et sans doute aussi parce que cette professeure trouvait là l’occasion de se réconcilier avec son ancien élève, dont on pouvait se demander s’il n’avait pas été traité de manière quelque peu expéditive et injuste, trois ans auparavant. Si on ne s'était pas débarrassé...

6. Mais fidèle, mais fier...

Le proviseur du Parc Impérial s’appelle Stéphane Theuriet. Il a demandé au commissaire Langlois de le rencontrer. De préférence en terrain neutre. Ils se retrouvent ainsi au restaurant du Club nautique, un jour de décembre où le ciel est si clair, le soleil si brûlant que, sur la terrasse, les hommes sont en chemises et les femmes en robes légères, coiffées de grands chapeaux. Ils ne perdent pas de temps en préambule. Theuriet remercie le commissaire d’avoir accepté son invitation. Ils consultent la carte, commandent l’un et l’autre des filets de soles avec une bouteille d’eau minérale, et aussitôt Theuriet explique: — J’ai reçu la visite de la mère de l’une de nos élèves en classe de Première. Une jeune fille qui ne s'était jamais fait remarquer jusque là. Sérieuse, plutôt timide. Cette mère m’explique qu’elle a fouillé dans le téléphone de sa fille, et qu’elle y a découvert deux petites vidéos que celle-ci avait postées sur TikTok, et d’autres aussi qu’elle avait reçues. Et, à le...

La lecture des apparences

Dans Un père venu d’Amérique (dans Arsène et Elvire ), je décris une scène à laquelle il m’a été donné d'assister. C'était dans les années où le téléphone portable existait déjà mais où il n’avait pas fini de s’imposer et où on trouvait encore des cabines téléphoniques dans les rues. Et c'était un dimanche de printemps, très clair, en fin d’après-midi, dans un quartier éloigné du centre-ville, à l’angle du boulevard François Grosso et du boulevard Tsarévitch. Une femme m’est apparue, traînant avec elle une valise à roulettes. Elle est entrée dans une cabine téléphonique qui se trouvait là et elle a eu, au téléphone, une assez longue conversation derrière les vitres. Je n’en ai bien sûr rien entendu, je la voyais de loin, de l'opposé du carrefour, les traits de son visage se dessinaient à peine, mais l’allure était celle d’une très jolie femme de quarante ans peut-être. Et cette scène m’a longtemps poursuivi. Dans la nouvelle que j’ai écrite bien des années plus tard, l...

5. Les visiteurs de la nuit

L’histoire commence avec un article de Nice-Matin , une pleine page illustrée d'une photo. Son titre: Les visiteurs de la nuit . On y raconte que des propriétaires de villas situées sur les collines ont eu la surprise de constater que celles-ci avaient été visitées en leur absence. Non pas par des cambrioleurs, ce à quoi on s’attend toujours, mais par des jeunes gens qui sont venus y faire la fête et qui ont laissé la maison et surtout sa terrasse dans un désordre affligeant, comme si un essaim de criquets s’y était abattu. Comment ces propriétaires peuvent-ils savoir qu’il s’agit de jeunes gens, et même de très jeunes gens? La réponse est simple: parce que les caméras de vidéosurveillance le montrent. Ce qu’elles montrent aussi, c’est que ces individus ne sont pas les mêmes dans chaque occasion, pour autant que les services de police aient pu en juger d'après les enregistrements qu’ils ont visionnés dans chacune des maisons. Et on apprend aussi que certains d’entre eux, qui se...

L'Heure d'été

La vidéo fait alterner deux séries d'images. Dans la première, ce sont des scènes nocturnes, dont Daniel comprend qu’elles ont été filmées pendant les fêtes des villas. On y voit des jeunes gens en plans rapprochés, le plus souvent ils regardent l’objectif, on leur a demandé de le faire, les images décrivent leurs tenues vestimentaires, les postures de leurs corps et leurs visages toujours muets, parce qu’on leur a demandé aussi de se taire, et ces images nous disent leur état de fatigue, leur ivresse. Ils sont au bord du sommeil ou dans un état d’hypnose. Et ces images sont floues et mal éclairées. La seconde série s’intercale par fragments dans la première. Elle est au contraire très lumineuse. On y voit un groupe de jeunes gens qui marchent dans la campagne, sur un chemin étroit, noyé par les feuillages des arbres et par les hautes herbes. À la dernière image, on comprendra qu’ils descendent à la rivière où ils vont se baigner. Et ils semblent tous en bonne santé, pleins d'é...

Le spectacle du roman

L’histoire que pour le moment j’intitule Des lumières sur les collines , et dont j’ai publié les premières pages ici , au fur et à mesure que je les écrivais, en même temps que je les inventais, à présent je continue d’y travailler ailleurs, sur un blog dédié, l'idée étant de peaufiner le scénario avant d’écrire la suite, soit un dédoublement du travail d’écriture auquel je ne m'étais jamais livré jusqu'à présent et qui a toutes les chances de se solder par un échec. Depuis longtemps pourtant je défends la distinction que fait Aristote à propos de la rhétorique entre  L' inventio (invention, qui est l’art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre).  La dispositio (disposition, qui est l’art d'exposer des arguments de manière ordonnée et efficace).  L' elocutio (élocution, qui est l’art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments, ce qu’on appelle aujourd’hui, de manière dangereusement restrictive “le style”, comme si le style ne rel...

4. L'envol

Après la mort de Viviane Hayward puis la fin de la crise sanitaire, la vie de Daniel a beaucoup changé. En l’espace de quelques mois, il est devenu marchand et réparateur de vélos. Ses parents se sont associés pour acheter un garage qui existait déjà, rue Vincent Fossat, à deux pas de la rue Parmentier où il continue d'habiter, et ils en ont fait le gérant, rôle qu’il assume avec beaucoup de sérieux. Il a renoncé au poker et il paraît bien décidé à faire en sorte que son garage devienne l'un des rendez-vous incontournables du cyclisme azuréen. Il a une stratégie pour cela: il va courir le dimanche matin avec ceux de ses clients qui ont déjà leurs habitudes sur les routes de l'arrière-pays. Il les suit comme il peut, encore que la plupart soient plus âgés que lui, et de chacune de ces randonnées il rapporte de courtes séquences vidéo qu’il réalise avec une caméra frontale, et qu'il projette ensuite sur un grand écran qu’il a fait installer dans le magasin, puis qu’on peu...

3. The Bling Ring

Le lendemain matin, je me suis réveillé tard, et tout de suite j’ai su que je ne retournerais pas au boulevard de la Libération. Ce que Daphné m’y avait dit, je m’en souviendrais un jour, et il serait bien temps alors que je le sache, ou bien je ne m’en souviendrais pas et ce serait sans importance. Je suis descendu me promener sur le Vieux Port et bientôt j’ai eu l'idée d’aller déjeuner à la brasserie Le Grillon, sur le cours Mirabeau, à la suite de quoi je rentrerais à Nice pour me coucher et dormir. Le Grillon était un lieu que nous regardions de l’extérieur, quand nous étions jeunes, pendant les deux années où nous avons habité là-bas, rue de l’Aumône-Vieille, parce que nous étions trop pauvres alors pour nous y asseoir. Mais nous ne manquions pas d’y prendre nos repas chaque fois que, par la suite, nous retournions à Aix pour faire des emplettes et célébrer notre passé. Et, depuis cinq ans, j’avais évité d’y faire le pèlerinage que je me sentais capable de faire à présent. Un ...

2. Au Mama Shelter

Cette fois, j'étais venu en voiture. Mais c'était de nouveau l'automne et, quand je suis arrivé, il faisait déjà nuit. Plusieurs fois au cours des dernières années, j’avais consulté le plan de la ville pour ancrer mon souvenir dans le monde réel, et mon attention avait fini par se concentrer sur une zone qui s'étendait de la gare Saint-Charles au parc Longchamp. Et, à force, le boulevard de la Libération m’était apparu comme le résultat le plus probable de ma recherche. J’ai laissé ma voiture dans un parking souterrain et je m’y suis rendu à pied. Et aussitôt que j’y suis parvenu, je n’ai plus douté. En effet, il était en pente, parcouru par une ligne de tramway, et l’absence presque complète de vitrines éclairées aux rez-de-chaussée des immeubles lui donnait dans la nuit un air d’abandon. Mais de là à retrouver l'entrée de l’immeuble où Daphné avait habité et où j'étais venu la rencontrer, c'était une autre affaire. On parlait beaucoup, à cette époque, des ...

1. Daphné

J'étais allé à Marseille pour retrouver un immeuble dont j’avais perdu l’adresse. Bien des années auparavant, j’y avais fait une visite à une femme qui avait été une amie de ma mère et qui avait demandé à me voir. J'étais arrivé à Marseille par le train, un après-midi d’automne, j’avais passé la soirée chez elle et j’y avais dormi. Depuis toujours je connaissais son existence mais je l'avais rencontrée peu souvent et jamais bien longtemps. Il y avait les photos que ma mère me laissait voir. De furtives apparitions dans le couloir de notre appartement de l’avenue Jugnot. Un rire, un parfum qu'elle laissait derrière elle. Son invitation tardive m'avait surpris. J’y avais répondu en pensant qu’elle me parlerait de ma mère. Les deux femmes avaient été liées par une longue amitié, elles avaient voyagé ensemble, elles étaient allées au cinéma, au concert, elles avaient échangé des livres, elles avaient beaucoup parlé, et j’avais imaginé que Daphné (c'était son nom) me...

17 - Final(e)

Ils savaient que Flora ne refuserait pas de rendre le fusil et les photos, qu’il serait facile de la convaincre. Mais concernant les photos, avait-elle conscience de les avoir volées? Et quelle serait sa réaction quand elle l’aurait compris? La question était épineuse. Elle a donné lieu à une réflexion à laquelle j’ai eu la chance de participer, un matin de septembre où nous nous sommes retrouvés tous les trois au Café du Cycliste, sur le quai des Docks. Dans le scénario que nous avons élaboré, il restait une part d’incertitude. Nous savions qu’à un moment ou un autre, il faudrait improviser. Néanmoins, les lignes générales étaient très claires. Daniel est entré dans la maison et, sous la menace de l’arme que la pauvre femme braquait sur lui, il lui a dit: — Flora, il faut que tu rendes les photos. Elles ne sont pas à toi, elles sont à Viviane et Viviane veut qu’elles reviennent à Cynthia, sa nièce! Tu comprends? Tu veux bien? Flora a aussitôt baissé son arme, et elle a dit: — Viviane ...

16 - Une sorcière chamanique

Quand Langlois lui parle du bref échange qu’il a eu avec Richard Janvrin, Daniel n’entend qu’une chose: Flora devra vendre sa maison. Et pas à n’importe qui — au couple Brandone, des gens riches et vulgaires, qui la harcèlent depuis le premier jour dans le but d’agrandir leur jardin. C’est à peine s’il peut dire qu’il connaît l’infirmière. Combien de fois l’a-t-il rencontrée? Et qu’a-t-elle pu lui laisser deviner des troubles dont elle souffre? De plus, il a toute raison de penser qu’elle vole les photos de Viviane, des photos qui doivent revenir à Cynthia, laquelle s’est engagée un jour à en dresser le catalogue, et à en faire des livres et des expositions. Mais c’est comme s’il avait compris quelque chose de plus profond, rien qu’à la voir. Il ne saurait mettre des mots sur ce qu’il devine, mais Flora a acquis à ses yeux le statut trouble et prestigieux d’une sorcière chamanique. Et l’idée qu’on puisse la chasser de sa maison lui est insupportable. Il dit au commissaire: “Mais enfin,...

15 - Langlois fait la sieste

Quand Langlois découvre le nom de Flora Zambetti dans le livre des mains courantes enregistrées par son service, Daniel lui a déjà parlé d’elle. La plainte a été déposée par Bernard et Marie-Claude Brandone, ses voisins, propriétaires de la Villa Rodrigue. Ceux-ci affirment que madame Zambetti les a menacés avec un fusil et même qu’elle a tiré deux coups de feu en l’air pour les faire reculer, un soir où ils étaient venus devant chez elle pour se plaindre des nuisances sonores causées par ses chiens. Langlois demande qu’on lui fournisse un plan du Domaine des Ollières, dont fait partie la Villa Rodrigue. Le lendemain matin, il s’accorde une promenade en voiture sur la colline de Gairaut. La masure héritée par Flora se trouve en contrebas de la Villa Rodrigue, à la limite du Domaine des Ollières, devant un mur de soutènement qui longe le Vieux Chemin de Gairaut. On y accède par un sentier escarpé que Flora emprunte avec sa Mobylette. Langlois, ce matin-là, arrête sa voiture devant le ha...

Intervalle 1

  Les photos Le son

Un équilibre fragile

Je me souviens des années 60. Nous avions besoin que Picasso nous montre des œuvres qui nous disaient qu'il savait peindre, pour pouvoir prendre au sérieux (considérer de manière positive) d'autres toiles qui, à nos yeux, ne le montraient pas. C'est comme dans la conversation, où il est nécessaire que tu tiennes des propos qui, à ton interlocuteur, paraîtront sensés, qui correspondront à son attente, à ses propres opinions, pour pouvoir tenir à d'autres moments des propos qui risquent de le décevoir ou de le heurter. Sinon, il ne t'écoute pas. Toujours une tension, une question d'équilibre. Il me semble que, dans la façon dont l'IA gère ses échanges avec nous, cette question se pose. Et je suis bluffé par la manière dont ChatGPT s'en débrouille.  Je soumets cette réflexion à ChatGPT qui me répond: "Tu mets le doigt sur quelque chose de très profond — à la fois en art, en rhétorique, et dans le dialogue humain, y compris avec une IA. Ce que tu décris...

14 - Un paysage de ruines

Se peut-il que Flora ne soit plus la même quand elle se trouve seule, la nuit, dans l’appartement de la rue Verdi, qu’elle se laisse envoûter par les vêtements de Viviane et par ses photos, tout spécialement par celles qui montrent Judith? Ou faut-il imaginer que déjà elle a perdu l’esprit quand elle a hérité de la masure de Gairaut et qu’elle a commencé de l’habiter en compagnie de deux gros chiens et d’un fusil? À ces décors s’ajoute celui de la chambre d’hôpital où Viviane est enfermée. Les visites à l’hôpital ne sont pas autorisées en raison de la crise sanitaire et des risques de contamination, ce qui fait qu’aucun de nos protagonistes n’a pu voir cette chambre ni ne la verra jamais, mais chacun l’imagine, ne peut pas s’empêcher de l’imaginer, de l’avoir toujours en tête, la nuit comme le jour, et tout spécialement Flora. Si bien que nous avons affaire à trois lieux qui sont comme des planètes qui gravitent ensemble. Le film, ou le roman graphique, devra rendre compte de ce systèm...

13 - Fenêtre sur cour

Il a continué à marcher vers le nord, sur la rue de Rivoli. Il a traversé la rue de la Buffa puis le boulevard Victor Hugo, il est arrivé ainsi à l’angle de la rue Verdi, et il s’est arrêté. Il fallait qu’il s'arrête à cet endroit, qu’il marque une pause, en dépit de la pluie, et alors il a vu, d’où il se tenait, à l'angle des rues désertes, une fenêtre éclairée. C'était au 26 de la rue Verdi, Palais Mireille, troisième étage.  D’abord il s’est demandé s’il ne se trompait pas, mais non, c'était bien la fenêtre du salon. Puis il s’est demandé si Viviane pouvait être rentrée de l’hôpital. Elle y avait été admise dix jours auparavant et, d'après ce que Flora lui avait dit, la dernière fois qu’ils s'étaient parlé au téléphone, il était peu probable qu’elle revienne de sitôt. Se pouvait-il que les lumières du salon soient restées allumées depuis si longtemps? Un sombre pressentiment lui fait traverser le carrefour.  Il vérifie qu’il a bien la clé de l’immeuble et cel...