Georg Duncan m’a raconté ceci: J’ai passé une année en Ligurie. J’avais trouvé à louer une masure restaurée, située à trois ou quatre kilomètres d’un petit port de pêcheurs où il y avait un cinéma. J’avais loué cette maison dans l’espoir qu’une femme viendrait m’y retrouver pour l’habiter avec moi. J'étais jeune, très amoureux de cette femme qui n'était pas libre, nous avons échangé des lettres, je crois qu’elle a hésité mais elle n’est pas venue. Elle était plus âgée que moi. Je m'étais mis dans l'idée d’écrire un roman qui aurait raconté notre histoire comme j'avais cru la vivre, comme je me l'étais racontée à moi-même pendant les quelques mois qu’avait duré notre liaison. J’y travaillais avec assiduité, plusieurs heures par jour et même la nuit. Je vivais de pas grand-chose, en sandales, pantalon de toile et chemise ouverte, la nuque brûlée par le soleil de l'été. Je m’imaginais dans la peau d’ un voyageur romantique . Je descendais au port chaque matin ...
J’ai compris que mon séjour se passerait dans la banlieue. Une voiture m’attendait à la gare. Piotr est assis à l’avant, il donne des ordres au conducteur. Nous parlons lui et moi en nous regardant dans le rétroviseur. Nous traversons des quartiers anciens, places monumentales que je reconnais pour les avoir vues en photos. Il neige, il se mit à neiger. Les ailes blanches des oiseaux battaient dans le ciel des boulevards. Des nuages noirs emplissent le ciel où flottent des ballons qu’on voit pilotés par des êtres appartenant à plusieurs espèces animales mais de formats plus importants, effrayants ou grotesques. Échanges de tirs au laser. Plutôt rituels. La nuit vient trop vite. La banlieue, au contraire, apparaît dans un pâle soleil d’hiver. Ma chambre au premier étage ouvre sur une esplanade où est installé un cirque. Je découvre, sous ma fenêtre, son chapiteau et ses caravanes peintes de couleurs vives. Je respire l’odeur des fauves, je les entends se plaindre dans la nuit, raconter ...