vendredi 24 novembre 2023
Un revenant
Nous sortions peu de cet appartement. L’été surtout, à cause de la chaleur qui écrasait les rues, à cause des bruits de violences qui s’entendaient sous nos fenêtres. La nuit, je quittais mon lit, je parcourais le couloir, je passais des portes dans une obscurité presque complète. Je me croyais dans une forêt. J’y faisais des rencontres. Une rivière, un pont, un moulin, des animaux, de fiers chevaliers, des fantômes. Avec le temps, je compris qu’eux aussi, de leur côté, me regardaient comme un fantôme. Tel chevalier se signait à ma vue. Je compris qu’il me prenait pour un ermite ayant perdu la raison et qui errait sans but. Je buvais l’eau de la rivière et mouillais mes cheveux, qui étaient longs à présent, qui pendaient sur mes épaules. Assis au pied d’un arbre, je mangeais des noisettes en causant avec un lapin ou un écureuil. Un couple de colombes parfois me faisait une visite. Priais-je encore? Il me semble que je répétais indéfiniment la même phrase très courte, je ne sais plus laquelle. Puis, quand le ciel pâlissait au-dessus des toits, je retournais me coucher, et dans le sommeil j’oubliais ces aventures.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
-
Le meurtre de Michèle Soufflot a bouleversé notre quartier. D’abord parce qu’il ne peut être que le fait d’un maniaque, et que ce maniaque, ...
-
L'être parlant est soumis à l’ordre de la langue . Il l’est depuis son plus jeune âge et jusqu'à son dernier souffle. Et il l’est qu...
-
Quand Violaine est rentrée, il devait être un peu plus de minuit, et j’étais en train de regarder un film. Le second de la soirée. À peine p...
-
Lorsque le crime de Dolorès Ortiz a été découvert, que tout le village en a parlé, l’idée m’a traversé l’esprit que Domenico Gripari pouva...
-
1. L’appartement est situé au sommet de l’école, tout entier traversé par le vent et le bruit de la mer. Parfois aussi, au printemps et à l’...
-
L’intérêt que l’on prend à ces choses est difficile à expliquer. L’un habite un appartement où il finit par ne plus occuper que la chambre e...
-
Les gens du village l’appelaient “le poète”. Et Rodolphe était bien poète, en effet. Il avait publié, depuis qu’il habitait au village, une...
-
Ils sont venus me chercher à la gare. Nous étions à la mi-décembre, il faisait froid, il commençait à neiger, même si la neige fondait presq...
-
C’est aujourd'hui mon 73e anniversaire. Je le fêterai en me rendant sur la tombe de ma femme, au cimetière de Caucade, où je souhaite la...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire