Il y a une matière ou un genre de la poésie qu’on appelle le lyrisme. Encore que le terme soit difficile à définir, on voit bien que Villon et Verlaine, par exemple, dans notre langue, ont atteint les sommets du lyrisme. Et c’est presque toujours à cette matière ou à ce genre qu’on pense d’abord quand on parle de poésie. Il en est pourtant une autre à laquelle on ne pense pas d’abord et dont on ne parle jamais, comme si une forme d’interdit pesait sur elle (ou sur lui), c’est le récit. La poésie a (eu) aussi pour fonction de raconter des histoires. Et je ne pense pas ici aux “grandes histoires”, aux légendes, aux épopées, que racontaient les poésies antiques et médiévales, je pense aux “petites histoires” que la poésie moderne a racontées, disons depuis le 19e siècle. On se souvient des premiers vers de la Légende de la nonne , de Victor Hugo, que Georges Brassens a si joliment mis en chanson: Venez, vous dont l’œil étincelle, Pour entendre une histoire encor, Approchez : je vous dirai...
Christian Jacomino