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Affichage des articles associés au libellé Des lumières sur les collines

4. L'envol

Après la mort de Viviane Hayward puis la fin de la crise sanitaire, la vie de Daniel a beaucoup changé. En l’espace de quelques mois, il est devenu marchand et réparateur de vélos. Ses parents se sont associés pour acheter un garage qui existait déjà, rue Vincent Fossat, à deux pas de la rue Parmentier où il continue d'habiter, et ils en ont fait le gérant, rôle qu’il assume avec beaucoup de sérieux. Il a renoncé au poker et il paraît bien décidé à faire en sorte que son garage devienne l'un des rendez-vous incontournables du cyclisme azuréen. Il a une stratégie pour cela: il va courir le dimanche matin avec ceux de ses clients qui ont déjà leurs habitudes sur les routes de l'arrière-pays. Il les suit comme il peut, encore que la plupart soient plus âgés que lui, et de chacune de ces randonnées il rapporte de courtes séquences vidéo qu’il réalise avec une caméra frontale, et qu'il projette ensuite sur un grand écran qu’il a fait installer dans le magasin, puis qu’on peu...

3. The Bling Ring

Le lendemain matin, je me suis réveillé tard, et tout de suite j’ai su que je ne retournerais pas au boulevard de la Libération. Ce que Daphné m’y avait dit, je m’en souviendrais un jour, et il serait bien temps alors que je le sache, ou bien je ne m’en souviendrais pas et ce serait sans importance. Je suis descendu me promener sur le Vieux Port et bientôt j’ai eu l'idée d’aller déjeuner à la brasserie Le Grillon, sur le cours Mirabeau, à la suite de quoi je rentrerais à Nice pour me coucher et dormir. Le Grillon était un lieu que nous regardions de l’extérieur, quand nous étions jeunes, pendant les deux années où nous avons habité là-bas, rue de l’Aumône-Vieille, parce que nous étions trop pauvres alors pour nous y asseoir. Mais nous ne manquions pas d’y prendre nos repas chaque fois que, par la suite, nous retournions à Aix pour faire des emplettes et célébrer notre passé. Et, depuis cinq ans, j’avais évité d’y faire le pèlerinage que je me sentais capable de faire à présent. Un ...

2. Au Mama Shelter

Cette fois, j'étais venu en voiture. Mais c'était de nouveau l'automne et, quand je suis arrivé, il faisait déjà nuit. Plusieurs fois au cours des dernières années, j’avais consulté le plan de la ville pour ancrer mon souvenir dans le monde réel, et mon attention avait fini par se concentrer sur une zone qui s'étendait de la gare Saint-Charles au parc Longchamp. Et, à force, le boulevard de la Libération m’était apparu comme le résultat le plus probable de ma recherche. J’ai laissé ma voiture dans un parking souterrain et je m’y suis rendu à pied. Et aussitôt que j’y suis parvenu, je n’ai plus douté. En effet, il était en pente, parcouru par une ligne de tramway, et l’absence presque complète de vitrines éclairées aux rez-de-chaussée des immeubles lui donnait dans la nuit un air d’abandon. Mais de là à retrouver l'entrée de l’immeuble où Daphné avait habité et où j'étais venu la rencontrer, c'était une autre affaire. On parlait beaucoup, à cette époque, des ...

1. Daphné

J'étais allé à Marseille pour retrouver un immeuble dont j’avais perdu l’adresse. Bien des années auparavant, j’y avais fait une visite à une femme qui avait été une amie de ma mère et qui avait demandé à me voir. J'étais arrivé à Marseille par le train, un après-midi d’automne, j’avais passé la soirée chez elle et j’y avais dormi. Depuis toujours je connaissais son existence mais je l'avais rencontrée peu souvent et jamais bien longtemps. Il y avait les photos que ma mère me laissait voir. De furtives apparitions dans le couloir de notre appartement de l’avenue Jugnot. Un rire, un parfum qu'elle laissait derrière elle. Son invitation tardive m'avait surpris. J’y avais répondu en pensant qu’elle me parlerait de ma mère. Les deux femmes avaient été liées par une longue amitié, elles avaient voyagé ensemble, elles étaient allées au cinéma, au concert, elles avaient échangé des livres, elles avaient beaucoup parlé, et j’avais imaginé que Daphné (c'était son nom) me...