Un cirque s’est installé de l’autre côté de la route. Je ne l’ai pas vu s’installer, puis un beau jour il était là. Nous arrivions à la cité Aristote, Hermione et moi, et nous l’avons vu en descendant du tramway. Hermione a dit: “Tiens, le cirque est revenu!”, pas davantage, et j’ai pensé qu’il devait revenir chaque année, à peu près à la même période. Nous étions à la fin de l’automne, quelques jours avant Noël et de ce jour le cirque a fait partie du paysage. Il était là, avec nous, mais en même temps, me semblait-il, avec ses caravanes, ses animaux, son chapiteau aux vives couleurs, semblable à une montgolfière prête à l'envoler mais qui ne s'envolait pas, il appartenait à un autre monde. C’est ainsi que je m’en souviens. De toute évidence, il venait d’ailleurs. L'idée ne m’est pas venue que je pourrais assister au spectacle. Je ne gardais pas un très bon souvenir des cirques de mon enfance. Leurs spectacles m’effrayaient. J’aimais voir les amazones debout sur leurs chev...
Julien Morelli ne nous accompagnait pas à la cité Aristote. J'accompagnais Hermione et personne d'autre du groupe de L’Agadir ne venait avec nous. Je pensais que Julien Morelli voulait détourner mon attention du complot qui se tramait ailleurs, que la cité Aristote était un leurre, et encore que la compagnie d'Hermione m'était bien agréable, je m'étais ouvert de ce doute à l'inspecteur Auden, à quoi il m'avait répondu que oui, telle était sans doute l’intention de Morelli, mais que pourtant je ne devais pas renoncer à me rendre là-bas. “Nos agents infiltrés m’assurent qu’il ne s’y passe rien de très significatif, me dit-il, mais j’ai du mal à m’en convaincre, et peut-être que vous…” J’ai donc continué à participer aux leçons de français. J'y prenais le plus vif intérêt. J'avais le sentiment d'y découvrir d'autres aspects de la langue, des secrets archaïques dans la forme des lettres et la composition des mots. Certains soirs, comme la nuit to...