samedi 25 novembre 2023

Arrière-saison

Je passais mes soirées au pub puis, pour regagner la petite maison que j'habitais, je passais par la plage. Celle-ci alors était vide. Il m'arrivait de m'arrêter pour regarder la mer, et quelquefois de dormir sur le sable. Au matin, j'étais réveillé par la pluie. Dans mon sommeil, j'avais essayé en vain de reconstituer un rondel de Tristan Corbière. À présent il me revenait aux lèvres sans que j'hésite. Je le disais debout, en serrant mon caban, en grelottant de froid: “Va vite, léger peigneur de comètes ! Les herbes au vent seront tes cheveux...”

(4 février 2020)

Evite

Évite
de remuer
la nuit

De rider l’eau 
et le sable
sous l’eau

D’agiter
les fougères
dans l’air
du soir

Mottes de terre
traversées
de lombrics
les nuages
d’ardoise

Une rangée
de grands
arbres nus
prévenus
de la nuit
par les cris
des corbeaux

Écoute
la rivière
sans la voir

(25 janvier 2020)

Fuite

À quoi rêvais-je quand la pluie fut la plus forte? Étais-je assis dans un fauteuil devant mes livres ou à courir sous les fougères, zigzagant entre les gouttes parmi des rats dont l'un plus gros que j'attrapai par la queue pour qu'il m'entraîne? Et le conte prévoit-il que le jour enfin revienne?

Je quitte la forêt pour m'avancer dans la cour déserte d'une ferme.

Quand l’on a faim et soif, quelqu'un apparaît, sans visage, et vous montre un puits.