Maintenant il se tient sur la terrasse de la Shounga, devant le port. Il se tient en retrait, dans l’ombre de la tente. La route qui conduit au port dessine un virage, et le bar se trouve au sommet du virage, de l’autre côté de la route. De là où il est, l’homme voit la mer mais il aperçoit à peine le sommet des bateaux qui sont à quai. Il voit le môle du phare qui s’avance sur la mer mais il n’en voit pas la base, du côté extérieur, où il y a des rochers et où des baigneurs viennent se poser par groupes, comme des mouettes. Il n’a pas besoin de les voir, il les connaît pour avoir partagé leurs habitudes à un autre moment de sa vie, avant qu’il ne quitte la ville pour y revenir bien des années plus tard, maintenant qu’il est vieux. Quelquefois, en arrivant à cet endroit du boulevard Guynemer, avant de s’installer à la terrasse, il traverse la route pour les voir, du haut du trottoir qui forme une corniche, mais il ne le fait pas toujours ni jamais très longtemps. Il n’a pas besoin de l...
Christian Jacomino