Pour qu’une tradition se perpétue, il ne suffit pas de lui être fidèle, il faut sans cesse la mettre à jour. La nettoyer, l'améliorer. On ne joue pas aujourd'hui la musique baroque comme on la jouait il y a cinquante ans. On le fait mieux.
La dictée préparée est un exercice scolaire dont on parle depuis un bon demi-siècle, tandis que sa pratique, à ma connaissance au moins, est restée marginale.
Aucun texte officiel ne l’interdit. Pour autant, les professeurs d’école semblent partagés en deux camps: les conservateurs, qui ne veulent rien lâcher sur l’exigence de la dictée traditionnelle, et les modernistes, qui préfèrent demander à leurs élèves de produire leurs propres textes.
Aux modernistes, il est permis de rappeler que la dictée permet aux élèves d’apprendre la langue, non pas seulement dans leurs familles (qui toutes, faut-il le dire, n'usent pas d’une langue aussi riche) mais aussi dans des textes classiques, parmi lesquels les poèmes devraient occuper une place de choix.
Quant aux conservateurs, je voudrais les convaincre que la dictée préparée n'implique pas un degré inférieur d’exigence pédagogique, mais au contraire un degré supérieur.
Dans le cas de la dictée traditionnelle, l'élève doit restituer le texte à l'écrit dans le même temps qu’il le découvre à l’oral. Disons que l'exercice est fait pour durer vingt minutes. Tandis que celui de la dictée préparée a toutes les chances de durer plus longtemps. De réclamer davantage, et de permettre à l'élève d’obtenir, grâce à son effort, de bien meilleurs résultats.
Une supposée indulgence de la part de la maîtresse d'école (ou du maître) n’a rien à voir dans l’affaire.
On peut me répondre que rien n’empêche que la dictée traditionnelle soit suivie d’un long et patient travail de correction de la part de l’enseignant. Je répondrais que rien n’empêche que la dictée préparée le soit aussi.
Si bien que je me demande où est le problème.
Et qu’on vienne ensuite nous dire que les réseaux sociaux ou l’intelligence artificielle seraient responsables de la baisse de niveau!
La seule question me semble être de savoir si on veut encore enseigner la langue dans ses formes orales et écrites, ou si on a renoncé.
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