Dans la salle d’attente d’un psychanalyste, il faut toujours qu’il y ait une fenêtre qui ouvre sur une cour, et que, dans cette cour, il y ait de beaux arbres que l’analysant, debout devant la fenêtre, cherche à identifier. Maintenant, avec Google Lens, c’est facile: il suffit de photographier les arbres en question puis de soumettre leurs photos à l’examen du robot: celui-ci ne manquera pas de les reconnaître et de vous donner leurs noms, tandis que, jusque là, des siècles pouvaient s’écouler sans que les mêmes arbres innommés cessent de hanter vos rêves.
Assez vite je me suis rendu compte qu’elles avaient peur de moi. Les infirmières, les filles de salle, les religieuses, mais aussi les médecins. Quand soudain elles me rencontraient dans un couloir. L’hôpital est vaste comme une ville, composé de plusieurs bâtiments séparés par des jardins humides, avec des pigeons, des statues de marbre, des fontaines gelées, des bancs où des éclopés viennent s’asseoir, leurs cannes ou leurs béquilles entre les genoux, pour fumer des cigarettes avec ce qui leur reste de bouche et, la nuit, les couloirs sont déserts. Alors, quand elles me rencontraient, quand elles m’apercevaient de loin, au détour d’un couloir. Elles ne criaient pas, je ne peux pas dire qu’elles aient jamais crié, mais aussitôt elles faisaient demi-tour, ou comme si le film s'était soudain déroulé à l’envers. Elles disparaissaient au détour du couloir. Je me souviens de leurs signes de croix, de l'éclat des blouses blanches sur leurs jambes nues. Du claquement de leurs pas sur...
D’une part, on peut continuer à rêver sans utiliser Google Lens ou PlantNet, et d’autre part connaître le nom d’un être n’est pas un obstacle pour en rêver.😉
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