Le voyageur effectue la traversée seul à bord d’une felouque, puis, aussitôt qu’il découvre la plage, celle-ci lui paraît dangereusement étroite. Il tire son embarcation au sec, s'abrite entre deux rochers. Il doit reprendre des forces, demeurer quelques jours sur cette rive avant d’entreprendre l’ascension du mont à mi-pente duquel devrait s’enfouir le temple, ou les ruines du temple dont ses recherches dans les bibliothèques de plusieurs continents lui ont permis de deviner l’existence en ce lieu, et qu’il veut explorer. Mais la première nuit, il est assis dans le sable, éclairé par une lune pleine et léché par les vagues, avec au-dessus de lui le mont couvert d’une forêt épaisse, inextricable, agacé par les oiseaux, des tortues hautes comme des ânes, avisant de loin les frondaisons d'arbres dont les feuillages se balancent comme houppes à poudrer, réveillé quelquefois, quand le sommeil le prend, par un bruit insituable de cascade ou de fontaine.
Augustin Meaulnes s’enfuit de l’école du village de Saint-Agathe en Sologne, où il est pensionnaire, au chapitre 4 de la première partie du roman. Nous sommes alors en décembre, quelques jours avant Noël. Et il y est de retour quatre jours plus tard, au chapitre 6 de la même partie. D’abord, il ne dit rien de son escapade. Puis, une nuit, vers le 15 février, il en fait le récit à son camarade François Seurel, le narrateur, qui est le fils du couple d’instituteurs. Et c’est ce récit que François nous rapporte, remplissant avec lui les 10 chapitres (8 à 17) qui suivent, et à l’issue desquels se clôt la première partie. Au début de ce récit (1.8), François prend soin de déclarer que son ami ne lui a pas raconté cette nuit-là tout ce qu’il lui était arrivé sur la route, mais qu’il y est revenu maintes fois par la suite. Et cette précaution me paraît de la plus haute importance, car elle est un indice. Elle s’ajoute pour donner une apparence de crédibilité à un récit qui par lui-même est in...
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