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Affichage des articles associés au libellé Ceux qui passent

Titus (7)

Bon, la suite et fin se résume en quelques lignes, vous l’aurez compris. Titus, sans renoncer à instruire comme il pouvait les pages de Wikipédia, avait décidé un beau jour de construire une carte géographique de sa longue carrière, et de la publier en temps réel sur Google Maps. Un repère (ou un ancrage) dans chacun des lieux où il s'était produit, à la date où il l’avait fait, avec chaque fois quelques mots de commentaire, indiquant le nom de celui ou de celle qui avait organisé l’événement, et les noms des autres musiciens qui y avaient participé, lorsque c'était le cas. Rien de très folichon, comme on le voit. Rien de nature à casser des briques, à intéresser grand monde et, encore moins, à soulever des tempêtes. Si ce n'était qu’au même moment, Leonardo Costa, le maître actuel du Cercle de Lisbonne, déjà député conservateur, était devenu leader de son parti, et qu’à ce titre il pouvait prétendre le représenter lors des prochaines élections présidentielles. C’est là que...

Titus (6)

La première fois, c’est pour un mariage. Un certain George Roberts l’appelle chez lui, un soir, et lui dit qu’il cherche un musicien pour un mariage. Pas pour la cérémonie qui aura lieu à l'église mais pour la petite fête qui réunira ensuite les deux familles chez les parents du marié. Titus demande s’il doit se mettre en quête d’autres musiciens, ou si d’autres musiciens ont été prévus, mais son interlocuteur lui répond que non. “Nous ne voulons pas un orchestre, juste un musicien qui joue au milieu de nous, comme un invité parmi les autres qui serait venu avec son instrument. Vous voyez ce que je veux dire?” Titus répond que oui, encore qu’il soit surpris et qu’il cherche à ne pas le laisser paraître. L’homme au téléphone mentionne alors l’adresse de l’appartement où aura lieu la réception, et c’est dans la rue Horta Seca, à deux pas de la place Largo de Camões, puis il annonce le montant du cachet, et celui-ci est beaucoup plus élevé que ce à quoi Titus pouvait s’attendre. Pour ...

Titus (5)

“Vous savez avec quelle curiosité Titus avait découvert les outils numériques. Il s'était familiarisé avec eux dès la fin des années 80, mais la grande révélation ce fut une dizaine d’années plus tard, quand Google a lancé son moteur de recherche. C’est le moteur de recherche de Google qui a inspiré à Titus son grand projet, et tout de suite, il a commencé à partager avec trois ou quatre amis ses premières notices. Je faisais partie du nombre. — Vous avez eu de la chance! J'aurais bien aimé les voir, moi aussi, ces notices. Vous m’intriguez. De quoi était-il question? — De jazz, bien sûr. De quoi d’autre aurait-il pu s’agir? Titus avait décidé de consacrer une notice à chacun des musiciens qu’il avait connus, comme à ceux qu’il n’avait pas connus personnellement mais qui avaient compté pour lui. Il avait intitulé ce projet Le Jazzophile , et il l’avait installé sur un blog. — Pardon, je vous entends, j’ai toute raison de vous faire confiance, mais j’ai du mal à le croire. Comme...

Titus (4)

Quand je suis arrivé à Lisbonne, je savais par qui et pourquoi Titus avait été agressé. Maintenant je peux le dire. J’en avais l’intuition, qui devait m'être confirmée par Evaristo. Ou peut-être est-ce seulement quand Evaristo a parlé, quand il a ouvert la bouche, que les pièces du puzzle se sont mises en ordre dans ma tête. Se sont emboîtées soudain dans mon esprit d’une manière qui m’a paru tout de suite évidente. Comment savoir? Nous savons tant de choses que nous ne savons pas savoir. Ou que nous ne voulons pas savoir, tant que cela est possible et tant que cela nous arrange. Ce qu’il y avait à savoir, je le savais déjà. Ou, du moins, je pouvais le déduire de ce que je savais. Sans grand risque d'erreur. Et puis, Evaristo m’a dessillé les yeux. Une infirmière venait le veiller, la nuit. Je l’avais recrutée dès le lendemain de mon arrivée. Elle s'accommodait de somnoler dans un fauteuil, près de son lit. Ce soir-là, j’attendais son arrivée pour partir. J'étais pris d...

Titus (3)

Titus a toujours eu du mal à trouver des contrats, et le temps n’a pas arrangé les choses. Le jazz, ce que lui, Titus, appelait le jazz, était passé de mode. Il reculait moins vite en Europe qu’il le faisait aux États-Unis, mais il reculait tout de même. Les boîtes de nuit, à Lisbonne, où il pouvait proposer ses services, ne se comptaient plus que sur les doigts d'une main, aussi lui fallait-il se déplacer. Il était connu à Paris, à Londres, en Italie, il avait pour amis quelques solides pointures, comme Dédé Ceccarelli, Eddy Louiss, Michel Petrucciani, et d’autres aussi célèbres. Grâce à eux, qui l’embarquaient dans des projets, qui le recommandaient pour son talent, il ne restait jamais bien longtemps sans travail. Et il n'hésitait pas à s’embarquer dans d’interminables voyages en train, qui le conduisaient parfois jusqu'à Prague ou en Lituanie, et il avait beau ne jamais se plaindre dans ses lettres, bien sûr, je m'inquiétais pour lui. Il fut un moment où j’envisagea...

Titus (2)

Titus était l’aîné. Il avait huit ans à la naissance de mon père, ils habitaient à Buenos Aires, et Titus s’est beaucoup occupé de mon père quand leur mère est restée seule. Puis, quand mon père a eu douze ans, Titus les a quittés, d’abord pour les États-Unis, ensuite pour l’Europe. Il voulait faire du jazz. Et quand ma mère est tombée malade, mon père a songé à m’envoyer chez lui, à me confier à lui. Il m’a mis dans un bateau et j’ai fait le voyage pour vivre pendant trois ans auprès d’un homme que je ne connaissais pas. Les choses se sont passées ainsi. Pour autant, qu’est-ce que mon père savait de lui, après toutes ces années de séparation, sinon que Titus avait continué de faire de la musique et que désormais il vivait à Lisbonne? Pas grand chose, je crois. Ils ne s'étaient jamais revus, ils avaient dû s'écrire, de loin en loin, mais je crois que mon père n’avait pas une grande estime pour lui, que, pour une raison ou une autre, sans doute parce que Titus était parti et qu’...

Titus (1)

Quand j’ai annoncé que mon oncle Titus avait été victime d’une agression, chez lui, à Lisbonne, tout le monde s’est bien douté que le personnage en question était lié au Cercle, sans quoi je n’aurais pas évoqué son cas devant cette assemblée. Mais à part Fernando Auguri et sans doute aussi Anna Maria, personne ne pouvait savoir comme je savais que le Cercle de Lisbonne était dissous depuis longtemps.  Je m'étais adressé à Auguri, notre Secrétaire, et à lui seul, comme c’était la règle, et celui-ci m’avait répondu: “J’en suis désolé pour votre famille. Votre oncle a survécu? — Oui, par chance! Mais on me dit qu’il n’en sort pas indemne. Que son esprit est troublé par le choc qu’il a reçu. — J’imagine que vous souhaitez vous rendre auprès de lui? Que vous envisagez de faire le voyage? — En effet, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Si ma présence ici n’est pas indispensable dans les prochaines semaines… — Bien sûr que non! Les affaires sont plutôt calmes en ce moment. Prenez tout v...

Des voyageurs romantiques (6)

“Je possédais un canot à voiles qui s’appelait l’Ariel, et qui valait bien soixante-quinze dollars environ. Il avait un pont coupé, avec un coqueron, et il était gréé en sloop; — j’ai oublié son tonnage, mais il aurait pu tenir dix personnes sans trop de peine. C’était avec ce bateau que nous avions l’habitude de faire les plus folles équipées du monde; et maintenant, quand j’y pense, c’est pour moi le plus parfait des miracles que je sois encore vivant.” Vous reconnaissez ce canot? C’est celui qu’Edgar Allan Poe attribue à Gordon Pym au tout début de ses aventures. Celui de Luigi Castigliani était en tout point pareil. Luigi s’en servait pour la pêche, il s’en servait aussi pour promener des touristes dans le golfe de La Spezia. Jérémie le lui avait loué deux ou trois fois pour se promener, au coucher du soleil, en emmenant Cécile. Et cette nuit-là, c’est l'idée de ce frêle navire qui nous a rendus fous. Jérémie était parti tout de suite après la dispute. Cécile était dans l’escal...

Des voyageurs romantiques (5)

Qu’est-ce que Cécile avait pu dire à son père pour que celui-ci accepte de revoir Jérémie Shankar après l’épisode dit de “la fugue parisienne”? Probablement qu’elle était la seule fautive. “Jérémie, tu comprends, venait d’apprendre, en arrivant à Paris, qu’il ne figurait plus au casting de la prochaine saison de Che ti amo . Un message qu’il avait reçu sur son téléphone. Le personnage qu’il incarnait depuis le début avait été exfiltré du scénario, on l’avait fait mourir dans un accident de voiture. Et Jérémie ne s'était pas attendu à cela, il avait le moral en berne. Alors, j’ai voulu le rejoindre, mais lui ne voulait pas… — Mais enfin, Cécile, il t’avait annoncé la nouvelle! Il avait fallu qu’il se plaigne auprès de toi, pour que tu t’appitoies sur son sort! Tu penses qu’il n’avait personne d’autre à qui parler? Qu’il avait besoin d’une gamine de dix-huit ans pour lui dire ses déboires? — Il faut croire que non, en effet, il n’avait personne d’autre à qui se confier. Peut-être que...

Le problème de l'eau (3)

Cette nuit-là, quand Alejandro sort du motel, il voit la voiture de Dennis garée sur le parking, tous feux éteints, et aussitôt après il voit que deux personnes sont assises dans la clarté de l’habitacle, sur le banc de la station d’autobus. Alors, il se dirige vers elles et, d’assez loin, il reconnaît Daria et Dennis. Il marche lentement dans leur direction, il n’est pas sûr de ne pas rêver, à chaque pas qu’il fait, il s’attend à ce que la vision se dissipe, ou que les deux humains soient remplacés tout à coup par deux corneilles, mais l’image au contraire se précise, c’est bien eux, assis sur ce banc comme deux collégiens qui se seraient retrouvés à la sortie des cours, un peu à l’écart des autres, pour mieux se parler, pour apprendre à se connaître. Et eux, de leur côté, ils le regardent approcher. Sans doute, l’ont-ils reconnu, car ils ne se lèvent pas mais ils sourient. Alors, Alejandro ne peut pas faire autrement que de sourire, lui aussi. Dennis finit par se lever. Il dit: “Nous...

Le problème de l'eau (2)

Alejandro disait: “Il y a une période de ma vie où j’ai été là-bas. Je n’ai jamais trop su ce que j’y faisais, si je faisais bien ou mal, si je m’acquittais correctement de la mission qui m’était confiée. Alejandro le savait-il lui-même? Je n’en suis pas certain. Que sont devenus depuis lors Daria et Dennis, sont-ils encore en vie, sont-ils restés en couple dans le petit ranch qu’ils habitaient à l'entrée du désert? Je n’en ai pas la moindre idée. Je pense souvent à eux, je leur souhaite le meilleur, le plus doux et le plus bouleversant qu’une existence humaine puisse apporter, mais il ne m’appartient pas de le savoir.” Alejandro disait qu’il avait gardé des images étonnement précises de cette période. Durant la journée, le centre commercial attirait beaucoup de monde. C'étaient des milliers de personnes qui affluaient en voitures, puis qui circulaient partout à l’intérieur du bâtiment, à tous les étages, dans tous les sens, des êtres qui ne tenaient plus au sol et dont les ima...

Le problème de l'eau (1)

La cafétéria était en étage. Ses baies vitrées donnaient vue sur le parking du centre commercial. Plus loin, il y avait le cinéma, et plus loin encore le motel où Alejandro avait loué une chambre. Le reste, c'étaient des autoroutes, de larges voies bitumées qui s'entrelaçaient et se superposaient en certains endroits, qui formaient des nœuds puis des élancements à perte de vue, séparées par des îlots d’habitations avec des maisons qui paraissaient minuscules, écrasées par le ciel, des bouts de jardins et des piscines. On lui avait demandé de faire le voyage en avion puis de se tenir à cet endroit pour surveiller un homme qui venait en voiture. Il la laissait sur le parking, il disparaissait dans le centre commercial, puis il réapparaissait, une heure plus tard, ou parfois davantage, le plus souvent les mains vides, il remontait dans sa voiture et repartait avec. On ne lui avait pas demandé de le photographier, ni d’essayer de le retrouver ensuite dans le centre commercial, il d...

Des voyageurs romantiques (4)

Jérémie était venu à la villa pour raconter une histoire. Pour se vanter d’une histoire qu’il avait sans doute inventée, ou peut-être pas. Et il y trouvait un public dans les personnes de Cécile et d’Anna Maria. Cette dernière ajoutait-elle foi à son récit? Ce n’est pas certain. Mais Cécile n’en perdait pas une miette et, visiblement, le charme du narrateur continuait d’agir sur elle, raison pour laquelle Anna Maria prenait garde de la laisser seule avec lui. Quant à Thierry, de toute évidence, il évitait le bonhomme. Et quant à moi, j’en faisais de même, m’en tenant à mes habitudes de promenades solitaires, de baignades hygiéniques et d’écriture. Il arrivait néanmoins qu’Anna Maria frappe à la porte de ma chambre, le soir, après dîner, et que, assise sur le bord de mon lit, en dépit de la chaleur, elle me rende compte de ce qu’elle avait entendu, si bien que je peux à mon tour en dire quelque chose. Jérémie racontait qu’il avait fait la connaissance, à Rome, d’une étudiante en école d...

Un dentiste de Montmartre (5)

Il existe deux fins à cette histoire: l’une que Daniel Breuer a raconté à plusieurs reprises, à Buenos Aires, à l’occasion de fêtes et de leurs agapes, devant le Cercle réuni; l’autre dont il me fit part, quelques années plus tard, un soir que nous étions sortis respirer l’air de la mer sur la terrasse du casino de Monte-Carlo. Dans la première, il accompagnait le dentiste jusqu’au restaurant qui jetait un halo de clarté nimbé de brume sur le quai du canal. À peine avaient-ils passé la porte que Iago venait vers eux, les bras tendus. “Ah, Monsieur Laigle, vous êtes venu, et avec un ami! Je suis content de vous voir. Donnez-moi vos manteaux, on va vous trouver une table. Ce soir, nous servons de la choucroute. Vous n’en mangerez pas de meilleure à Paris!” La salle était bondée. Il y avait de la lumière et du bruit, et ils étaient servis par Édith elle-même. Celle-ci, debout près de leur table, s’est d’abord expliqué: “Je vous assure, Monsieur Laigle, que j’allais vous appeler. Chaque ma...

Un dentiste de Montmartre (4)

Laigle a continué. Il a dit: “J’ai mangé seul, dans la cuisine, une boîte de raviolis que j’ai fait réchauffer, et que j’ai accompagnée d’un verre de whisky, puis je suis allé dormir sur le canapé du salon. Dans la nuit, je me suis souvenu de Iago. Je ne l’avais vu qu’une fois. Il s'était présenté au cabinet, un soir, après que le dernier client était parti, et quand Édith avait déjà enfilé son manteau pour partir, elle aussi. Il m’avait interpellé d’un bout à l’autre du salon: ‘Monsieur Laigle, je peux venir vous serrer la main? Je suis Iago, le frère d’Édith’.” Nous touchions là à la pointe de l’histoire. On en sentait le parfum chargé d’ambre et de poivre. De lune vague après la pluie. Si nous étions capables de dire ce qui nous attire dans tous les visages qui nous ont attirés, ou ce qui nous fait peur dans tous les visages qui nous ont fait peur, depuis l’enfance, nous n’aurions pas besoin de raconter des histoires. Il suffirait de le dire. Mais cela est impossible. Alors, nou...

Un dentiste de Montmartre (3)

Ils se sont retrouvés au même café de la rue des Abbesses. Laigle n’a pas voulu lui en dire davantage au téléphone. Il lui a seulement dit: “Demain soir, si tu es d’accord, au même café de la rue des Abbesses, à la même heure.” Sandler lui a répondu qu’il y serait, et Laigle a ajouté: “Équipe-toi de bonnes chaussures. Il se peut que nous ayons à marcher.” Il ne pleuvait pas mais il faisait encore nuit, ce que le Maître n’aurait pas approuvé, affirmant que la nuit était mauvaise conseillère, qu’elle troublait les esprits, aussi bien que la pluie, raison pour laquelle il fallait les éviter quand il s’agissait d’accomplir une mission. Mais on ne choisit pas toujours. Et d’ailleurs, s’agissait-il bien encore d’accomplir une mission, ou seulement de venir en aide à un membre de la confrérie, ou à un correspondant de la confrérie, qui était aux abois? Donc, ils se retrouvent à la même table, devant les mêmes grogs. Laigle lui narre par le menu la soirée catastrophique à l'opéra, ponctué...

Le fantôme de Baudelaire (1)

Quand l’un de nous était désigné pour effectuer une mission, il savait ce qu’il aurait à faire mais il ne savait pas pourquoi. Le Maître, son Secrétaire et Anna Maria étaient seuls à le savoir. Ils en avaient longuement discuté, ils avaient pesé le pour et le contre au cours d’innombrables échanges, et nous ne doutions pas que la décision qu’ils avaient prise allait dans le sens de la concorde et du progrès universels, même si elle n'était pas toujours conforme à la loi. Et nous ne doutions pas non plus que le Cercle avait des appuis dans les hautes sphères de la société. Auprès des gouvernants de différents pays. Qu’il recevait des financements occultes. Qu’en cas de dérapage, d’accidents de parcours, nous serions protégés. Cela s'était vu. On le racontait. Mais, pour l’affaire du fantôme de Baudelaire, il n'était pas question de s’en prendre à quiconque. De commettre aucun délit. De dérober aucun dossier dans les archives d’un notaire. De remplacer, dans une salle de musé...

Des voyageurs romantiques (3)

Il était venu de Gênes en autobus. Celui-ci l’avait déposé devant la plage de San Terenzo, il avait demandé qu’on lui indique le chemin qui conduisait à la villa où habitaient “les Argentins”, et ainsi il avait continué à pied, gravissant la côte avec son sac sur le dos, à la manière d’un voyageur romantique, comme je faisais moi-même chaque matin. La veille au soir, il avait appelé Thierry Nogaret pour le prévenir de son arrivée. Il avait dit que sa voiture était tombée en panne à son retour de Rome, qu’il l’avait laissée à Gênes, dans un garage, et que, du temps qu’elle soit réparée, il avait songé à nous faire une visite, si du moins nous avions une chambre pour le recevoir. Thierry avait fait part de cette proposition à Anna Maria, qui ne connaissait pas cet homme, encore qu’elle avait entendu parler de lui, et comme, en effet, une chambre était libre, celle-ci n’avait vu aucune raison de refuser. “Pour autant, je ne suis pas certaine que Thierry soit ravi de le voir”, devait-elle ...