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Articles

Affichage des articles du mars, 2025

Ceux d'ailleurs (3)

Chaque personnage porte un nom qui est connu en même temps qu’il apparaît. Il porte aussi, en même temps que son nom, une bribe d’histoire. Un épisode. Une circonstance. Pas forcément la même à chacune de ses apparitions. Ou même encore parfois une histoire qui se déroule sur une longue période mais qui alors (quand on le voit) se résume en quelques mots, et qui se raccorde ou ne se raccorde pas aux autres histoires qu’on connaît, qui nous sont révélées par les autres personnages. On regarde ces bribes d'abord comme les pièces d’un puzzle. Elles sont données en désordre et on voudrait croire qu’elles finiront par toutes s'emboîter pour faire un seul tableau, mais rien n’est moins sûr. Peut-être pas, après tout. Karim est l’ami de Daniel. On le sait aussitôt qu’on le voit. Il rencontre les autres dans les rues de Nice-Nord, mais on sait aussi qu’il a affaire à l’autre bout de la ville, dans le quartier du port où habite sa grand-mère. Celle-ci s’appelle Leila et elle habite dans...

Ceux d'ailleurs (2)

Et soudain, le ciel a été balayé, lessivé, c'était le matin, et à partir de ce jour ont commencé à m’apparaître ceux qui n’existaient pas. Aux nuits de pluies giboyeuses (René Char) succède, un beau matin, le bleu du printemps. Un bleu de lavande. Un bleu de toile de Nîmes délavée. Confondu à celui de la mer le long des plages. Comme s’il avait fallu que les dernières nuits de mars soient plus obscures encore que celles de l’hiver, que la terre y soit détrempée pour que sa profondeur se gonfle, se boursoufle de mottes, se soulève, se creuse, et que se raniment les vies grouillantes qui sommeillaient à l'intérieur. Qui rampent à présent, qui se tordent et s’enroulent, qui pointent sous la lune, qui bougent la queue, qui montrent un œil. Pour donner lieu soudain aux piaillements des oiseaux invisibles, au bleu des gentianes, au blanc des lys. Couinements de petits mammifères, hululements, battements d’ailes sous les branches. Craquements. Claquements, caquètements rythmés, siffl...

Ceux d'ailleurs (1)

J’ai su leurs noms en les voyant apparaître. L’un après l’autre, un jour après l’autre, pendant une courte période, c'était au printemps. J’en voyais apparaître un et aussitôt je savais son nom. Et je savais aussi qu’il n’apparaissait qu’à moi. Il serait faux de dire que je n'hésitais pas. Un instant je pouvais me demander s’il n’apparaissait qu’à moi, s’il existait vraiment, mais aussitôt qu’à son apparition s’ajoutait un nom — Quand ai-je su qu’ils se connaissaient — Je les apercevais dans la rue, au hasard des rues de mon quartier d’abord. La première qui me soit apparue c'était Cynthia. La jeune fille en jupe courte qui revenait du tennis club de Gorbella. Quand ai-je compris qu’ils formaient un groupe. Une troupe de petits comédiens. Le casting d'une histoire. Il y a eu un signe avant-coureur. C'était en mars, il pleuvait beaucoup. J’ai l’habitude de me réveiller au milieu de la nuit, et j’ai l’habitude de profiter de ce réveil pour sortir sur mon balcon. La ru...

Janus (4)

Quand mes parents se sont rencontrés, mon père occupait déjà un emploi de vendeur de voitures au garage Boccara. Celui-ci était situé au bas du boulevard de Cimiez et, dans ce quartier d’immeubles anciens, aux façades austères, le bâtiment détonnait, moulé comme il était dans le béton, avec sa tour de trois étages qui servait de parking et sa pagode vitrée, où les chromes des voitures scintillaient sous la lumière des néons. Il évoquait plutôt l’univers de la bande dessinée. À le voir, la nuit, on pouvait même imaginer une tour de lancement pour la conquête spatiale. Julius Boccara, son propriétaire, était concessionnaire de plusieurs marques étrangères, et il était lui-même très amateur de petites voitures de sport, qu’il choisissait de couleurs vives, avec un toit décapotable, à bord desquelles il emmenait son épouse en promenades sur les routes ensoleillées de la Côte d’Azur. Il avait eu, de son premier mariage, deux garçons qui étaient entrés dans la finance, l’un à Londres et l’au...

Janus (3)

L’atelier de couture Gaston Breuer, de la rue Victor Juge, était en entre-sol. J’y plongeais le regard à travers des soupiraux étroits derrière lesquels la lumière du jour était toujours insuffisante. Dans mon souvenir, le mobilier se compose d’une seule longue table, de part et d’autre de laquelle se déplacent des femmes vêtues de blouses blanches, sous une rangée de grosses ampoules suspendues au plafond. Mais comment ces ampoules à la lumière blafarde pouvaient-elles apparaître dans mon champ de vision? Je ne voyais pas les têtes des ouvrières, ni leurs jambes, seulement les blouses blanches qui flottaient, qui se croisaient, se confondaient et se détachaient dans de longs glissements, comme auraient fait des fantômes dans les caves d’un château. Ou peut-être comme les infirmières et les médecins d’un hôpital militaire. Elles y montraient la même hâte, la même inquiétude, comme si les coupons de tissus déroulés sur la table avaient été des blessés qu’il leur aurait fallu opérer de t...

Janus (2)

Le conservatoire de danse et de musique avait été construit sur les hauteurs de la ville, dans le quartier résidentiel de Cimiez. C'était un bâtiment blanc, aux formes géométriques, qui évoquait quelque-chose du Bauhaus. J’en redescendais, après mes cours du vendredi, par l’avenue Brancolar qui serpente entre les grilles des villas et leurs jardins. Sur les premiers croquis que Louis a dessinés en préparation de notre livre, et dont je garde quelques photocopies dans des pochettes transparentes, je reconnais ma silhouette. Et, au-dessus des toits, entre les lignes effilées des cyprès, on distingue de fins éclats de mer, aux contours irréguliers, comme des morceaux de céramique. Je parcourais le même itinéraire chaque vendredi de l'année. J’aimais la période d’hiver où, à cette heure de soir, il faisait déjà nuit. Des phrases musicales, que j’avais travaillées avec mon professeur, résonnaient alors dans ma tête avec une clarté que j’avais été incapable d’atteindre, mon archet à ...

Janus (1)

— Tu commencerais par quoi? m’a demandé Louis. Il voulait qu’on prononce Louiss, comme pour Louis Armstrong ou Eddy Louiss. C'était la première fois que je dînais chez eux. Et c'était la deuxième fois que je rencontrais Sara. Louis avait fait la cuisine. Il avait préparé une vraie daube à la niçoise dans une grosse marmite en fonte. Mais d’abord il m’a montré l’endroit où il dessinait, qu’il avait aménagé dans un cagibi. Sara avait fait son atelier dans le salon. Sara peignait debout, sur des toiles posées sur un chevalet, tandis que Louis dessinait assis à son bureau, sur des feuilles de papier. Et maintenant nous avions fini de dîner, et Louis m'avait posé cette question. J’ai répondu: — Je crois que je parlerais des vendredis soirs où, en sortant du conservatoire, j’allais attendre ma mère à sa sortie de l’atelier de couture de la rue Victor Juge. Depuis que nous nous connaissions, j’avais raconté pas mal de choses à Louis à propos de ce que j’appelais “ma double vie” ou...

Épouvante

Ce n’est pas d'épouvante qu’il s’agira ici, ou peut-être que si, après tout. D’un sentiment de trouble, de peur, d’horreur en même temps que de dégoût, qui n’est provoqué par rien d’extérieur mais par la reconnaissance à l'intérieur de soi de quelque chose qu’on voudrait ignorer et qui en même temps nous fascine. On pense à l’aventure de celui qui a été jeté de force dans la cale d’un navire ou qui a réussi à s’y faufiler en cachette, qui a voulu y embarquer de son propre chef avant le grand départ pour les mers du Sud à moins que le but ne se situe dans l’immensité de l’Atlantique nord et des régions arctiques, et il s’y est aussitôt endormi d’épuisement. Il faut dire qu’il avait cru mourir plus d'une fois avant d’arriver au port, qu’il avait dû fuir depuis la Hollande à travers tout le pays, en dormant où il pouvait, en volant des poules, et que, dans sa fuite, il avait perdu jusqu'à ses souliers et jusqu’à son paletot déchiré dans le dos. Dire comme il avait soif. No...

Lived In Bars

Il est vrai que ces effets de transparences ou de superpositions me parlent, qu’elles marquent mes souvenirs les plus anciens qui restent pour moi les plus précieux. Je me souviens de m’être promené sur le boulevard Gambetta à la nuit tombée en reconstituant dans ma tête des strophes de La Chanson du mal-aimé , je devais avoir alors quinze ou seize ans. Je me souviens de m’être promené un jour de grand soleil près du carrefour Saint-Philippe où était mon lycée, en entendant dans ma tête la trompette de Miles Davis qui jouait Summertime . Je ne l’ai jamais si bien entendue. Si, il y a eu une autre fois, plus ancienne d’un an ou deux. C’était la nuit, j’habitais chez mes parents et ma chambre se trouvait au bout de l’appartement, tous deux étaient assis sur le canapé du salon, devant le poste de télévision, figés je les imagine à présent comme dans un double portrait de David Hockney, je suis passé dans le couloir et je me suis arrêté derrière eux, sur le seuil, le film qu’ils regardaien...

L'heure de Jazzafip

C’est un écrivain qui raconte cela, je ne sais plus lequel, je ne sais plus son nom, c'était à la radio, il disait qu’un soir il rend visite à sa mère qui est vieille et qui vit seule, et comme c’est l’heure du dîner, elle lui sert des harengs avec des pommes de terre, alors il mange ce qu’elle lui sert et il lui dit, tu n’as à manger que des harengs avec des pommes de terre, à quoi, un peu fâchée, elle répond, si tu m’avais prévenue de ta visite je t’aurais préparé autre chose mais tu ne l'as pas fait et lui alors, et je ne sais plus si c’est quelque chose qu’il dit à sa mère ou maintenant à la radio mais il proteste qu’il ne se plaignait pas pour lui mais qu’il s'inquiétait pour elle, comment pouvait-elle le comprendre autrement, comment pouvait-elle imaginer qu’il lui faisait le reproche d’avoir ainsi pour tout dîner en solitaire des harengs avec des pommes de terre bouillies et peut-être un bol de café au lait, comme s’il manquait de cœur, comme s’il n’eût pas été son f...

Fatalité (4 et fin)

[ Le père et le fils dans Les années d'après ] Fabien ne savait pas trop quoi faire de Nestor, non pas que l’enfant fût particulièrement difficile, juste un pré-adolescent boudeur, et quel autre que lui ne l’aurait pas été à sa place, mais parce qu’il se sentait coupable d’avoir quitté sa mère. Autant Fabien était un bon instituteur, aimé de ses élèves et des parents de ses élèves, plein d’autorité et de douceur, autant il était pour Nestor un père malheureux, empêtré, lamentable. Nestor continuait d’habiter à Nice, à la cité Aristote, tout seul avec sa mère, et Fabien en avait la garde un weekend sur deux ainsi qu’une semaine sur deux pendant les périodes de vacances scolaires, et quand c'était le weekend il descendait à Nice pour s’occuper de lui, tandis qu’il allait le chercher à Nice pour l’emmener à Guillaumes chaque fois qu’ils avaient davantage de temps à passer ensemble. Et à Nice, ils n’avaient nulle part où dormir, si ce n’était chez les parents de Fabien où Fabien a...

Fatalité (3)

Fabien était dans sa classe la nuit où les Russes ont effectué leur première offensive aérienne. Les premiers bombardements. C'était la troisième nuit qu’il dormait dans sa classe. Il avait quitté le domicile conjugal et, comme il ne savait pas où aller, il s'était dit qu’il pourrait dormir ici, sur l’estrade. Quand je lui demandais pourquoi il était parti, il ne me répondait pas, ou alors il disait:  — Ne cherche pas, c’est moi qui en ai décidé ainsi, c’est moi qui ai tous les torts. Il avait l’habitude de travailler dans sa classe, de corriger les cahiers de ses élèves, de préparer des cartes, de tracer des modèles, le soir, jusqu’à ce que l'école se vide. Ce premier soir, il est allé manger un steak-frites au self-service voisin, puis il est revenu dans les murs. Il avait apporté de chez lui un sac de couchage et il l’a déroulé sur l’estrade, au pied du tableau noir. Il avait apporté aussi une batterie externe pour recharger son téléphone. Il y avait quelques jours déjà ...

Fatalité (2)

Il n’y a rien d’extraordinaire à cela, pas besoin d’en référer aux théories de la physique quantique. Une histoire commence par la fin, bien sûr, dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une histoire qui se déroule dans le monde réel ou d’une histoire inventée. Il faut qu’on connaisse la fin pour en démêler le début, qui n’est jamais d’ailleurs tout à fait le début. Il faut que d’autres évènements se soient produits avant, qui annonçaient la suite, pour conduire un beau jour à la fin qu’on connaît. Où git donc le début? Où s’enracine-t-il dans l’humus de la forêt, arrosé par une pluie fine et patiente? Impossible de le savoir. Pour autant, si on veut raconter, il faut bien commencer quelque part. Ce sera au moment où nous sommes nous-même entré dans le tableau à la place du témoin. Où les choses ont pris forme. Où ce qui était en germe est soudain apparu aux rayons de la lune maligne. Grande cigüe ou mandragore. Autre chose que je veux dire. Fabien et moi avons été amis. Il était arrivé à G...

Fatalité

J’avais souvent imaginé d’aller passer une année, quelques mois au moins, de l’automne au printemps, dans une ville que je ne connaîtrais pas, où je ne connaîtrais personne, et je n’imaginais pas alors une ville touristique, je n’avais que faire des musées et des églises, des jardins ornés de jets d’eau, avec des mares où nagent des canards et des cygnes, j’en avais assez vu de pareilles, je songeais plutôt à une sous-préfecture de Bourgogne ou de la Creuse. L'idée me venait, je crois, de films que j’avais vus quand j’étais jeune. Je ne saurais pas dire lesquels précisément mais ceux de la Nouvelle Vague, où on voit des intrigues se nouer entre la modiste et peut-être un notaire; la silhouette d’une femme qui marche, à la nuit tombée, sur une place déserte, emmitouflées dans son manteau, le col relevé qui cache son visage, les talons aiguilles qui claquent sur le trottoir; des villes où un crime a peut-être été commis dont un inspecteur venu d’ailleurs devra découvrir le coupable...

Une autre lecture de David Lynch (2)

Mardi 4 mars, 11:22. Je suis assis sur une chaise bleue de la Promenade des Anglais, en plein soleil, sous un vent frais, devant la mer. J'écris sur mon téléphone, un peu gêné par le trop de lumière pour bien voir sur mon écran, J’ai donné à lire ma note sur Lynch à mon ami Marcel. Il me répond ceci: “Un beau survol de la filmographie de Lynch. Tu ne mentionnes pas cependant Mulholland Drive où Lynch traite qqchose de proche de la question que tu poses ici, et lui donne la forme d'un ruban de Möbius, justement.” Puis, j’ai donné la même note à lire à ChatGPT, qui me répond ceci: “J'ai lu ton article. Tu proposes une lecture originale du cinéma de Lynch, en mettant en avant l'idée que certains personnages, comme James Hurley dans Twin Peaks ou Sandy Williams dans Blue Velvet, seraient les véritables narrateurs qui inventent le reste de l'histoire. Cela crée un effet de mise en abyme et renforce l'idée d'un fantasme plutôt qu'une réalité cachée. Une perspe...

Une autre lecture de David Lynch

Il y a des moments où on peut se demander si ce que raconte l'histoire est bien vrai. Si cela s’est réellement passé. Je parle d’histoires inventées. Dans une histoire inventée, on est censé admettre que rien n’est vrai, puisque l’histoire est inventée, même si cette histoire, bien sûr, s’inspire de faits réels, et en même temps on devrait se convaincre qu’à l’intérieur de cette histoire, du monde inventé qu’elle décrit, tout se soit réellement produit. Il arrive pourtant, dans certaines histoires, qu’on soit pris d’un doute. Et si tout cela n'était qu’une invention? Mais l’invention de qui alors? Eh bien peut-être celle d’un personnage. La question se pose assez inévitablement quand l’histoire est racontée par un personnage qui fait partie de l’histoire, ce qu’on appelle aussi un narrateur intradiégétique. Le cas est très fréquent dans la littérature classique, plus particulièrement dans les nouvelles, et plus souvent encore dans celles du genre fantastique. L'auteur est e...

I’m just a lucky

Le moment n’est plus de se demander qui est de droite et qui est de gauche, mais qui soutient le réarmement économique et militaire de l’Europe et qui s'en tient au rôle de boulet. Voilà ce que Milot note, à la date du dimanche 2 mars, troisième jour après la rencontre explosive, dans le Bureau ovale, entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump appuyé par le vice-président JD Vance.  À la même date, il note aussi: Le jardin Thiole est entouré de grilles, et je me doutais bien qu'un dimanche soir celles-ci seraient fermées. Mais il y a une allée étroite et sombre qui permet de contourner le jardin, que je comptais emprunter. Et, en arrivant à cet endroit, j’ai vu que ce passage était fermé, lui aussi, par une grille équipée d’un cadenas, ce qui m’obligeait à faire un détour par l’avenue Villermont. Et d’abord je me suis demandé si j’aurais la force de faire ce détour. Je revenais à pied de la brasserie Gaglio, sur l’avenue Jean Jaurès, j’avais traversé à pied une grande partie de...

Planétarium

  1. La façade était rébarbative. Une demeure perdue dans les collines, flanquée d’une tour arrondie, avec un toit pointu, comme un donjon. On l’appelait “Le Château des Ornières". L'intérieur était plus accueillant. Un grand hall avec des tentures aux fenêtres dont les couleurs et les formes géométriques rappelaient les tapis péruviens. Un buffet y était dressé, ainsi qu’une estrade sur laquelle des musiciens allaient et venaient pour installer leurs matériels. Pourquoi Gérard avait-il choisi cet endroit pour fêter le mariage de la plus jeune de ses filles? Avant d’en venir aux questions personnelles, ou pour éviter de le faire, il nous a expliqué que le bâtiment avait été construit sur la commande d’un aristocrate bavarois qui avait fui l’Allemagne à l’arrivée des nazis. Celui-ci ne l’avait jamais habité. En revanche, on se souvenait d’un de ses descendants qui y avait fait un assez long séjour dans les années 70. Il y vivait seul avec un domestique. Il roulait à moto. Souve...